Claro – auteur – traducteur. Une écriture, un style.
Claro, je l’ai découvert, en 2002, parce qu’il était le traducteur de La maison des feuilles, un roman de Mark Z. Danielewski. Un livre dans lequel j’ai adoré me perdre (dans sa forme originale et pas en format poche (?)). Plus que ça, même, puisque ce livre (horrifique) reste omniprésent en mon esprit, d’une façon ou d’une autre. Ce livre, cet objet, cette oeuvre, m’a pour la première fois interpelée sur le travail du traducteur. Lire ici, sur son blog, ce que Claro écrit de la traduction. Ensuite, j’ai enchaîné avec Vollmann, Pynchon… et je me suis aperçue que je cherchais les romans traduits par Claro.
Et puis il y eut l’écrivain. Je n’ai pas accédé aisément à son écriture, je peux même dire que je me suis battue avec. Pas mon genre de lecture ? Madman Bovary n’est pas passé. J’ai persévéré. Avec CosmoZ, ça commençait à aller beaucoup mieux, mais ce n’était pas encore tout à fait ça, je l’ai lu oui, et j’écoutais parfois en boucle Somewhere over the rainbow, j’ai même revu Le magicien d’Oz, j’avais besoin de bases pour lire le roman, et mes pensées souvent erraient d’une Dorothy à l’autre, CosmoZ avait pourtant toujours un côté qui me faisait mal. Normal, aussi, normal.
Le temps a passé, j’ai continué à lire le blog de Claro mais plus ses livres. Jusqu’à ce que je m’aperçoive récemment que CosmoZ avait laissé des traces en moi. J’ai racheté le livre que je n’avais plus pour relire ici ou là, me replonger dedans. Et puis, j’ai attendu (im)patiemment que Crash-test sorte en librairie. Et je l’ai lu tout d’un coup.
Quatrième de couverture de Crash-test (éditions Actes Sud) : Au commencement était l’accident. Il faut donc procéder à des crash-tests, mettre un mort à la place du mort, étudier la destruction et ses lois. Un homme s’y emploie, jour après jour, jusqu’à la fêlure.
Au commencement était l’accident – puis aussitôt : le sexe. C’est ce qu’elle pense, à chaque fois qu’elle s’avance sur scène, c’est cette pensée qui marche avec elle quand débute son numéro de strip-tease et qu’elle affronte la tribu des pornographes.
La jouissance ? Laquelle ? Il n’en connaît qu’une, pour l’instant : celle qu’il invente dans sa chambre d’ado, à grand renfort de bandes dessinées pour adultes, tandis que dans le salon de famille l’alcool dicte sa loi.
Pris dans les feux croisés d’une violence sociale, ces trois isolés forment un trio aux liens instables mais fiévreux. À travers eux, un combat est livré, et peut-être aussi délivré : comment chanter la résistance des corps, leur incandescence ?
Le nouveau roman de Claro explore et bouscule des mondes apparemment distincts – l’industrie automobile, le strip-tease, le porno naissant des années 1970, marqué par le film Gorge profonde, les bandes dessinées pour adultes, la cellule familiale, la domination masculine… Rythmique et intense, inventif et pugnace, obéissant à une partition implacable, Crash-test donne voix et vertige aux chairs contrariées et à leur nécessaire insurrection – et tout le reste est poésie.
Je cherchais comment parler de ce livre que j’ai traversé en suivant le cap donné par l’auteur dans un langage accidenté par la vie de ses personnages. Ça fait mal encore, mais autre chose aussi, quelque chose de plus profond qui parle à chacun de nous.
Voilà, comme je n’en parlerai pas aussi bien que Thelema, et que je suis en tout point en phase avec ce qui est écrit dans son article, je vous conseille d’aller le lire sur son blog Autoroutes et réverbères.
23 août 2015 at 16 h 57 min
Je m’en vais découvrir les autres blogs grâce à toi. Très bel article, tu sais si bien transmettre ce que tu ressens devant une œuvre, quelle qu’elle soit. Seul problème, j’accumule mon retard de lecture…
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23 août 2015 at 17 h 11 min
Il faudra faire des choix de lectures, c’est certain.
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24 août 2015 at 12 h 34 min
pas encore lu ton article car je *prends le temps* pour vous lire, tous, qd ça dépasse trois lignes ;-)
par contre, je voulais te dire que je trouve l’image de ton nouveau bandeau ‘profondément’ belle et émouvante……….
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24 août 2015 at 12 h 46 min
Merci malyloup. Prends ton temps, y a vraiment pas de soucis, et puis tu n’es pas obligée de tout lire non plus, surtout quand c’est long.
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24 août 2015 at 13 h 10 min
non, pas d’obligation….juste du plaisir :-)
je ne suis pas ds la ‘consommation’ mais ds l’appréciation des blogs ;-)
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25 août 2015 at 11 h 19 min
ayet, j’ai lu! merci pour le lien vers les ‘autoroutes’….. ;-)
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25 août 2015 at 7 h 46 min
Merci beaucoup, ça me touche vraiment !
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25 août 2015 at 18 h 32 min
Vraiment bien écrit, ton article, ‘vy. On t’y suit sans embûches.
Cela dit, tu sembles mieux équipée (j’avais d’abord écrit « armée ») que moi pour ce genre de lecture… J’ai aussi lu les mots de Thelema – qui le défend bien elle aussi.
Malgré que ça me semble un peu « dense » et « dur »… vos mots à toutes les deux me donnent envie d’aller y voir plus loin… entre autres, pour la poésie et la grande humanité qui semblent s’y trouver… et la liberté dans le style…
J’irai le toucher en librairie… l’ouvrir, m’asseoir, en lire d’autres passages… et je saurai si j’ai envie de faire tout le voyage…
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25 août 2015 at 19 h 29 min
Merci, Caroline.
Oui, c’est dur, et cru et sans artifice. Thelema me rappelait justement que dans CosmoZ, Claro reprend « une citation de Flaubert, disant qu’on apprécie la qualité d’un livre au nombre de coups de poing qu’on a reçus et au temps qu’on prend pour s’en remettre ? » Tout le monde n’aime pas ça. Alors oui, tu gouttes et tu vois. Moi, j’ai mis du temps, quand même, mais j’y reviens tout le temps, sans doute parce que quelque chose m’a parlée dès le début.
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9 septembre 2015 at 8 h 40 min
Merci Vy pour ce bel article sincère.
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9 septembre 2015 at 8 h 52 min
Whaouh, grand merci pour cette visite.
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