Le temps lui est venu de dépecer ses rêves, les enfermer dans la vieille malle rouillée qui lui servait antan à descendre hors du monde, venu de maquiller son coeur de brumes délétères jusqu’à ce que raison s’incline. Elle s’abandonne au flux du temps retrouvé puisque les rêves ne suffisent plus à combler les assauts de la déesse sombre. Elle ranimera ses cauchemars. Ils étaient sa débâcle son obsession l’abjecte émanation de ses peurs ses errances dans les contrées fétides labourées par la violence des vents impitoyables. Elle s’éloigne de ses mornes dérives que les mots ont rongées pour n’en laisser que des moignons noircis de pourriture mielleuse. Prédatrice de la nuit elle remonte à la source des vagues d’épouvante qui la soulevaient hors des marges la veillant dans l’enfer de sa chambre parée en cocon de terreur. Les suées nocturnes les branle-bas de combat de son coeur exultant de frayeur, les respirations tranchées par les lames d’angoisse soumises aux effleurements des souffles vénéneux des hideuses présences. Elles les avaient enfouis sous les limons des sens invalidés des langueurs mortifères. Le premier coup de hache dans sa chair recompose le code trop longtemps négligé et lui ouvre les portes de ses gouffres morbides où l’attendent affamées les puissances obscures. L’ogresse des profondeurs ultimes l’ordonnatrice de ses faims insatiables. Elle…
*
s’éveille, se déplie, s’étire, compte sur ses doigts pour s’assurer qu’elle n’est plus en train de rêver. Un deux trois elle est dans l’au-delà, ils la tiennent, elle ne pourra s’extraire de l’antre des démons, ses dérisoires combats contre ses délires insidieux se perdent dans l’emboitement de ses désillusions. Elle essuie d’un revers de la main le filet de salive rougeâtre qui s’écoule de sa bouche glisse sur son menton fuit le long de son cou se perd entre ses seins. Elle le sait là, près d’elle, alangui par le baiser mortel qui oeuvre inexorablement.
5 septembre 2015 at 11 h 34 min
Le cauchemar est au rêve ce que le négatif est à la photo. Une version inversée. Retournez le, ou retournez vous sur votre oreiller, et il change de couleurs et d’apparence.
J’ai crevé l’oreiller, j’ai du rêver trop fort (Bashung)
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6 septembre 2015 at 17 h 03 min
Puisque le mot du jour est « cauchemar »… justement ce matin je me suis habilement extirpée d’une ambiance plus que glauque… après un beau moment avec des âmes tendres, je me trouvais tout à coup prise au piège par six ou sept personnes… heureusement, je savais le monde où je me trouvais… et sans attendre de voir ce qu’on allait me faire, j’ai vite ouvert mes yeux sur le mien de monde… et sur la bien ordinaire porte du placard de ma chambre… ahhh! le bonheur de l’ordinaire…
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6 septembre 2015 at 17 h 22 min
Attention, Caroline, derrière les portes de nos placards ça change tout le temps, méfie-toi.
Non, tu as raison, l’ordinaire est réparateur, mais parfois on a besoin d’un peu d’extra pour supporter l’ordinaire. Un bon petit cauchemar ne donne que plus de valeur à nos rêves… le contraire est aussi vrai, je crois.
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6 septembre 2015 at 17 h 40 min
oui, un bon petit cauchemar de temps à autre… mais j’ai eu ma dose dans les derniers mois… et ce matin, pas envie la fille… si tu les avais vus… ! Méchants, méchants… et c’est dimanche après tout, et il fait beau dehors… la prochaine fois, j’me battrai peut-être un bon coup… ou je leur parlerai « dans le casque » comme on dit chez nous. En attendant, je te souhaite une soirée de rêve.
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6 septembre 2015 at 17 h 51 min
Invite-moi donc dans tes cauchemars, tu vas voir, on va leur régler leur compte aux méchants. Un coup de pied bien placé et hop, à la niche.
Belle soirée à toi.
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6 septembre 2015 at 17 h 57 min
Un coup de pied bien placé, tu dis? OK, la prochaine fois que je les vois se poindre, j’te lâche un ouac…
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6 septembre 2015 at 18 h 00 min
« j’te lâche un ouac… » ?
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6 septembre 2015 at 18 h 14 min
très québécois, oui… pour « j’te fais signe »… c’est juste au cas où tu débarquerais un jour… ça te sera utile… j’ai aussi fait exprès d’utiliser « se poindre »… Dis-moi, vous dites ça « se poindre », au lieu de « surgir » par exemple?
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6 septembre 2015 at 18 h 18 min
Je crois pas. Ce serait plutôt « se pointer ». Dans ta phrase : « la prochaine fois que je les vois se pointer »
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6 septembre 2015 at 19 h 06 min
on dit ça aussi…
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