TrouNoir
Trou noir par Jean-Pierre Luminet et Jean Alain Marck

Lâchant le fil des discours concentriques je m’absentais pensive par l’au-delà des voix vers l’en-dedans de mes réminiscences. J’en  rêvais ardemment de cette déchirure en mon ciel profond et mon corps étiré rudoyé gratifié dans la complicité des puissances célestes poussait l’émerveillement jusqu’à l’écartèlement d’une extase infinie. Je larguais les amarres libérais mon vaisseau de ses ancres aliénantes et les grands voiles hissées pour l’audacieux ballet dévoilais le possible de rivages envoûtants. Une singulière caresse sur la raison troublée dans l’onde saccadée de mes pensées confuses qui impérieusement iraient se conjuguer aux puissances extrêmes. Un voyage incertain un mirage obsédant un souffle tentateur en compagnie du temps du désir de l’espoir de voir se contracter l’étoile massive avant que d’expirer en une supernova et déformer l’espace que je puisse effleurer les courbures lascives du déploiement sans borne d’une volupté grisante de lumière et de chairs imprégnées d’impudeur réveillant les chimères en concentré de joies. Je vous pense et vous sens agitant vos drapés dans le berceau de l’âme et m’élance dans l’apnée en suspens qui embrume l’esprit d’une ivresse clandestine n’aspirant qu’à la fascination des instants subjugués d’offrandes et de partages. Par delà le miroir je me suis arrimée au grand chêne vibrant sous les frasques d’Eole et je m’achèverai en une allégorie dont j’ignore le dessein mais dont j’écris la fable. Je suis sur le radeau abandonné au flux de forces insufflées par l’impulsif tourbillon voguant vers l’horizon du sourire de l’obscur abyssal. Cet ogre assoiffé de lumière et de poussières stellaires je le parcourrai en mon corps et conscience cueillant les fruits semant les graines de l’existence jusqu’à m’abreuver du mystère, accomplir l’improbable, je me ferai pionnière pour la grande traversée aux frontières de l’éveil.

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Ci-dessous, reprise du texte et mise en forme pour mon journal La traversance