Quoique quand j’ai entendu leurs voix, je me suis demandée où j’étais en train d’atterrir. J’avais suivi les flèches, descendu un escalier indiquant la maison des horreurs, il y faisait rouge sang et noir sombre. J’entendais mais ne voyais encore rien. En avançant, je les ai aperçus vaguement au loin se confondant encore avec l’ombre, l’homme, la femme et leurs voix colères. « C’est bon, allez, asseyez-vous », dit l’homme en poussant un soupir d’exaspération. « Bonjour ! », j’attire son regard excédé. La femme prend place dans une voiture. L’homme s’adresse à moi : « Vous allez passer la première puisque madame s’est assise dans la deuxième voiture. » Me mêlant toujours de ce qui ne me regarde pas, je demande à la femme si elle ne veut pas passer dans la première voiture, elle était là avant moi. « Ah ben, je croyais qu’elles partaient toutes les deux en même temps. », répond-elle. « Non, la première part en premier » pfffpfffeute l’homme. La femme s’extirpe du véhicule second et passe dans le premier. Je m’apprête à m’installer dans la deuxième voiture, quand la femme m’interpelle : « Vous pouvez peut-être monter avec moi ? … C’est possible ? » demande-t-elle à l’homme. « Faites ce que vous voulez » me dit-il. Ce que je veux, c’est monter seule dans une voiture, mais je rejoins la femme en lui demandant : « Vous avez peur ? ». « mmmmmm », grognote-t-elle. A peine assise, la voiture s’ébranle violemment (relativement). Nous entrons dans le corridor de la peur… Des chauves-souris, des cris, un homme qui se coupe les doigts, une tête animée sur une table… monstre de Frankenstein inévitable… squelettes et réjouissances horrifiques. Le plus désagréable ce sont les lames de plastiques qui nous balaient le visage à chaque changement de scène. Nous ressortons déjà. L’homme demande à la femme. « Alors, vous avez eu peur ? ». Elle avait donc bien peur, la jeune dame. Ils ont l’air toujours aussi énervés tous les deux. Nous partons la femme et moi. Elle m’explique combien l’homme a été désagréable lorsqu’elle a insisté pour savoir si ça faisait peur, très peur, un peu peur ? Nous nous quittons devant un Delaunay.
J’étais donc venue m’aventurer dans l’exposition Warhol Unlimited qui a lieu en ce moment au Musée d’Art Moderne. Warhol, je suis plutôt indifférente, c’est une bonne raison pour voir si l’exposition me fera changer d’avis. On commence par les boites de conserve Campbell’s Soup (le mérite que je lui trouve c’est d’avoir inspiré Hiroshi Sugimoto pour son exposition Aujourd’hui, le monde est mort, au Palais de Tokyo que vous pouvez savourer sur mon ancien site en cliquant sur le lien.). Peinture acryliques et encres sérigraphiques, et films se succèdent me laissant toujours assez perplexe, sauf peut-être sur la série des chaises électriques « disponibles dans différentes couleurs ». Et enfin il y a la grande salle qui aligne une peinture en 102 parties, Shadows. Tableaux accrochés bord à bord, qui donnent une impression d’un ruban d’une pellicule cinématographique se déroulant dans l’espace. On y marche en se laissant entrainer jusqu’au bout par le rythme et la couleur. Peut-être serait-il jouable de faire le parcours en solitaire, sans obstacle, pour voir si le décor s’anime en soi, s’accélère si on se met à courir, peut-être. Il en reste certainement une impression dans le profond de l’oeil. Quand on demandait à Warhol s’il pensait que c’était de l’art, il répondait « Non. Vous voyez, on passait de la disco durant le vernissage, j’imagine que ça en fait un décor disco. »
A la sortie de l’exposition, on nous propose de se faire photographier façon Warhol. Pas trop de monde. J’ai tenté.
Je laisse derrière moi la foule du hall et monte le grand escalier pour voir une autre exposition CO-WORKERS, le réseau comme artiste. Elle nous propose de faire le point sur le monde numérique d’aujourd’hui à travers une trentaine d’artistes formés dans les années 2000. C’est l’oeuvre, We’ve Ne’er Gotten, de David Douard qui me touche et même me traverse. Lumineuse, en miroir, un portrait d’enfant sans regard : « L’image d’un adolescent en souffrance prélevée sur Google s’inscrit dans des caissons lumineux rappelant à la fois l’écran d’ordinateur et l’enseigne publicitaire. Dupliquée dans une structure claustrophobique en métal, elle propose l’expérience du mal être en montrant un jeune garçon sans regard, portant les doigts à sa bouche. Les grilles noires se dressent autour de l’image et dénote de la dureté d’un monde clos, évoquant à la fois l’enfermement et la protection. L’installation matérialise le malaise intérieur d’un être à la fois hyper-connecté et replié sur lui-même. »
Exposition Warhol unlimited jusqu’au 7 février 2016
Exposition Co-workers jusqu’au 31 janvier 2016
The house of horrors (le train fantôme), de Sturtevant jusqu’au 15 mai 2016
au MAM
30 octobre 2015 at 12 h 32 min
Moi non plus, je ne suis pas fan de Wharol, mais la seconde exposition me parait attirante. Et le train fantôme me rappellera des souvenirs d’enfance…
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30 octobre 2015 at 12 h 51 min
Le train fantôme ressemble plus à un clin d’oeil qu’à un vrai train fantôme. Disons que c’est une curiosité dans un musée. Je trouve un peu faiblard tout de même les expos du moment au MAM. Pour moi la seule pièce marquante c’est ce gamin sans regard dans la collection Co-Workers. Autant aller en face, au Palais de Tokyo.
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30 octobre 2015 at 12 h 56 min
Le palais de Tokyo, je ne le manquerai pas, c’est certain et je reviendrai te dire ce que j’en ai pensé au bas de ton article.
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30 octobre 2015 at 13 h 10 min
Je te conseille vraiment aussi l’exposition à la Halle Saint-Pierre sur la pop culture.
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30 octobre 2015 at 18 h 21 min
Bravo pour l’emploi du verbe pfffpfffeuter. Trop rare à mon goût ! Et aussi pour votre activité de chroniqueuse d’expos. Vous m’aviez donné envie de voir l’expo Wifredo Lam mais je n’y suis pas encore allé. Ou plutôt si, mais j’ai fait demi-tour en voyant la longueur de la file d’attente. Partie remise…
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30 octobre 2015 at 21 h 22 min
J’ai une tendance à inventer des mots.. Ah, c’est dommage pour l’expo, j’ai un pass coupe-file, ça aide…
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31 octobre 2015 at 5 h 29 min
ton monde, ton monde… j’voudrais parfois être une petite souris sur ton épaule… te suivre, suivre ton regard des yeux pour tourner la tête dans la même direction que toi… et moi non plus, pas très Warhol, et moi aussi, j’aurais joué le jeu de la photo, fois quatre, parce que pas trop de monde… mais dis-moi, t’aimes les souris?
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31 octobre 2015 at 6 h 53 min
Bien sûr j’aime les souris. On pouvait même se faire photographier ensemble. La prochaine fois que je vais quelque part, j’aurai une souris sur mon épaule.
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31 octobre 2015 at 10 h 50 min
les poupées love doll et la fin de l’humanité………….même avant de lire j’étais sûre que c’était toi sur les 4 petites photos et me demandais ce que tu avais créé pour être à l’affiche….toi petite souris bleue avec une souris verte sur l’épaule la prochaine fois pour tout montrer à caroline
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31 octobre 2015 at 21 h 00 min
Sur le canapé aussi c’est moi, cachée derrière un livre. Incognito. C’est gentil d’être allé voir Sugimoto sur mon site. Deux souris et une louve dans les rues de Paris…
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1 novembre 2015 at 18 h 58 min
Toi sur le canapé aussi? C’est absolument délicieux…
La page était ouverte depuis deux jours, j’attendais le moment… et dimanche s’y sera prêté… je viens d’aller goûter toi encore, dans cet ailleurs, sur Sugimoto… c’est troublant… fascinant… j’aurais bien aimé m’y plonger un moment en personne… si le sombre et funèbre me font parfois vibrer, c’est dans le plus organique et humain, comme ça…
Et dis-moi, c’est ton mari qui disparait?
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1 novembre 2015 at 19 h 12 min
La photo du canapé fut prise il y a quelques deux mois par mon mari. Oh oui, je garde un très bon souvenir de l’exposition Sugimoto, j’y suis allée plusieurs fois. Mais mon mari ne disparait pas, du moins pas sur ces photos-là. Sur d’autres, il m’arrive parfois de faire des tours de passe-passe, je l’avoue.
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1 novembre 2015 at 19 h 16 min
Pour la disparition, tu sais de quelle photo je parle, n’est-ce pas? Celle qui mène à une autre où IL n’y est plus…
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1 novembre 2015 at 19 h 22 min
La photo lumineuse qui donne sur un container avec des cartes électroniques ? Non, non, ce n’est pas lui.
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