Après avoir longuement hésité, de peur qu’il me prenne pour une follette, je lui dis, « j’ai vu de la lumière, comme une radio de ton coeur, des fulgurances lumineuses, plusieurs fois ». Il me répond en acquiesçant, « Je t’ai scannée, j’ai scanné ton corps entièrement, pour voir comment tu vas. » Un ange passe. Il me regarde avec un sourire généreux. « Et alors, comment ça va là-dedans ? », je lui demande. Il éclate de rire devant mon air hésitant (craintif ? dubitatif ?) : « Tout va très bien ». Ouf !

Lui, c’est mon prof de méditation. Chaque jeudi je me félicite d’avoir choisi son cours, il nous donne tellement. Une heure trente de bonheur, de découverte, d’approfondissement, d’étonnement… Il nous parle, hier, beaucoup, de l’être à l’écoute du monde qui nous entoure, c’est passionnant. L’ouverture, l’empathie.

La méditation se faisait à deux, hier. « Aujourd’hui, on va faire des tests », nous a-t-il dit.  Je m’étais d’abord retrouvée avec une jeune femme. Assises en tailleur, genoux contre genoux, mains dans les mains, les yeux fermés, concentrées sur le coeur de l’autre. J’avais les mains très chaudes, elle très froides. « Tu vas me réchauffer », m’a-t-elle dit. A la fin du cours, elle reviendra vers moi toute souriante : « il faut quand même que je te dise, pendant qu’on méditait toutes les deux, d’un coup, tu m’as donné un grand sourire, je l’ai senti monter, ça m’a fait beaucoup de bien, je voulais que tu le saches ». Moi, j’étais contente de sa confidence, parce que j’avais ressenti la lumière avec mon prof, et un peu avec elle (comme une approche, un étonnement) et rien du tout avec deux autres femmes.

Il m’a scannée… je lui dis que je pratique parfois une sorte de vision panoramique, depuis très longtemps, c’est inné chez moi, tout voir sans fixer le regard sur rien, je me laisse pénétrer par ce qui m’entoure, mais comme ça, pour m’amuser. Je lui dis aussi que parfois je trouve tous les gens très beaux dans le métro. Nous parlons encore… Il me dit aussi de faire attention, que je ne dois pas me sentir responsable des souffrances que les autres portent. Que lit-il en moi ?

J’aime ce cours, et que nous ne soyons qu’en novembre, tous ces cours encore où je vais tant apprendre. Il nous dit qu’au début on médite pour soi, mais qu’avec la pratique, on finit par ne plus méditer pour soi-même mais pour les autres. C’est la même chose. Alors, l’ouverture est totale. J’y arriverai, j’en suis certaine, rien d’autre ne me tient plus à coeur, et ce depuis longtemps, et depuis quatre ans que je pratique le qi gong ou les arts martiaux internes comme le tai chi, la méditation me semble un aboutissement.

Ce matin, je me suis mise en vision panoramique dans la rue, comme mon prof nous l’a appris. Au début, j’ai cru tout voir, mais à force d’avancer, je me suis rendue compte que c’était les mouvements que je voyais, le monde en mouvement comme une houle, alors que je regardais le sol, tout ce qui était immobile n’était que décor que ma vision ne prenait pas en compte ou très peu. Mais aussi, et ça mon prof n’en a pas parlé, c’est que les sons m’arrivaient différemment, et de loin et de tous côtés, mais surtout que j’entendais chaque son distinctement et non plus fondu dans un brouhaha. C’est d’ailleurs le son qui m’a prévenu qu’une voiture arrivait à vive allure alors que je m’apprêtais à traverser la route. Ce que mon prof n’a pas dit non plus, c’est la sensation de nausée que j’ai senti monter. Faudra que je lui en parle, en attendant je vais continuer mes essais..

Ce cours, c’est du pur bonheur.