14h, je fais un nouvel essai. Cette fois, la voie est libre. Libre. Je remonte, je prends ma carte d’identité, mon téléphone, et je pars reprendre possession de ma ville. Besoin de marcher, de sortir, de me sentir là.
Des hommes sortent aussi, mais peu de femmes. Je veux simplement marcher pour desserrer l’en-moi. constater que tout est comme avant. Entendre l’écho de la ville.
On se croirait un dimanche après-midi quand la ville dort.
Au loin, je vois un flot humain descendre vers moi. Des journalistes. Je bifurque et remonte à contre-courant jusqu’à « la rue ». Attroupement, je ne fais en général pas partie des curieux, mais là… étrange sensation d’absence d’agressivité autour de moi, je sors mon vieux téléphone et je… On vit avec un point d’interrogation qui nous regarde autant qu’on essaie d’en faire le tour.
Mon immeuble était un espace de silence. Tout le monde devait être à bord, mais rien ne le laissait supposer. Je suis sortie, personne, j’ai descendu le grand escalier, personne. J’ai regardé dans les rues, un homme en uniforme intimait à un automobiliste de retourner au garage. Il ne m’a pas vue. J’ai fait marche arrière, j’ai regardé autour de moi, c’est là que soudain, le vertige du vide m’a surprise. Alors je suis remontée, l’attente m’a embrassée, ficelée, injecté son sérum de passivité.
Je n’ai rien entendu que des explosions et des tirs et les voix de mes proches qui me téléphonaient et les cliquetis du clavier qui donnaient des nouvelles aux amies. Et le soleil qui brillait. Je me souviens m’être levée ce matin, avoir pris une douche en me disant qu’il faudra peut-être partir et qu’il fallait se tenir prêt, mais ensuite, j’ai un doute, peut-être que rien n’est vrai dans tout cela ? Alors j’ai pris des photos. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes ne serait que pure coïncidence…
18 novembre 2015 at 16 h 32 min
Des nouvelles du front en quelque sorte…
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18 novembre 2015 at 16 h 36 min
En quelque sorte… le danger en moins. On se sentirait presque une âme de reporter… en tout cas, l’envie de témoigner un peu de ressenti.
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18 novembre 2015 at 16 h 40 min
C’est important aussi, ce ressenti du passant, du résident…
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18 novembre 2015 at 17 h 28 min
Un coeur en majuscule, qui résonne.
Merci ‘vy. C’est beau. Raconté simplement, et avec humanité.
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18 novembre 2015 at 17 h 46 min
Merci Caroline d’être là.
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18 novembre 2015 at 17 h 29 min
Moi, j’ai attendu 16h20 pour descendre. Etrange ballet de badauds et de journalistes autour des camions aux antennes géantes sur le parvis de la basilique. Je pensais être plus surprise par les rideaux baissés des magasins, mais comme tu dis, on dirait un dimanche.
Courage.
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18 novembre 2015 at 17 h 48 min
A la santé de Dionysos, alors, si on est passagère du même bateau.
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18 novembre 2015 at 17 h 47 min
Tes mots sont poignants… Et ce silence que tu décris si… criant…
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18 novembre 2015 at 17 h 49 min
Le silence, oui…
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19 novembre 2015 at 16 h 14 min
Etrange atmosphère et l’air de ne pas se reconnaitre soi-même dans ce décor différent. Merci ‘vy pour ce partage au coeur du tourbillon.
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19 novembre 2015 at 19 h 20 min
J’ai hésité avant d’écrire, avant de publier et puis je me suis dit… je ne me suis rien dit, j’ai pensé qu’il fallait partager. Un témoignage comme un autre.
Etrange atmosphère dans le métro tout à l’heure, alors qu’on se monte dessus d’habitude à 18h, là, peu de monde et même des places assises, hébétée que je fus, je n’ai pas pensé à m’asseoir.
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