« Je suis peintre et sculpteur. […] Je n’ai foi que dans l’art et, sans lui, je suis perdu. Seuls les poèmes ont une réalité. » (Anselm Kiefer, in L’art survivra à ses ruines – leçons inaugurales au Collège de France – ed. Collège de France/Fayard) et entendu lors de l’ émission Hors-Champs : « Je ne sais faire que de l’art, je ne sais pas si je sais faire la vie. Si on confond l’art et la vie, c’est le chaos »
Voici donc que s’ouvre au public l’exposition rétrospective de celui que Daniel Arasse appelait Le maître du labyrinthe, et qui précise, « un labyrinthe sans fil, non dirigé ». C’est à Barjac, dans une ancienne filature qu’Anselm Kiefer a créé une oeuvre d’art totale, construisant une cinquantaine de bâtiments, traçant des chemins, créant un circuit souterrain où sont posées (cachées ?) ses oeuvres, parfois dans des « chambres d’oubli » que l’on peut apercevoir par des trous au hasard du cheminement. L’artiste se dit fasciné par le mot « secret ».
« Je ne suis pas seulement monumental », dit-il encore dans l’entretien de Hors-Champs (à écouter ici). Et pourtant, c’est souvent ainsi qu’on le voit (ainsi que je me rappelle de la première exposition que j’ai vue de lui, la Monumenta qui inaugura magnifiquement le cycle du Grand Palais), et la taille de ses tableaux exposés à Beaubourg ne le dément pas.
De l’inspiration par l’Histoire, la mythologie, la kabbale, la philosophie, le cosmos et la poésie (Ses oeuvres sont traversées par les mots de Paul Celan ou d’Ingeborg Bachmann), aux matériaux de prédilection : acrylique, huile, émulsion, shellac, argile, plomb, fil de fer, verre, paille… le monumental se situe aussi dans une certaine érudition et recherche de l’artiste sur des sujets qui le passionnent et un travail de construction dans la déconstruction. Ses tableaux qu’il ne signe jamais sont soumis à l’interaction de la nature, exposé à l’extérieur par tous les temps.
On trouvera au centre de l’exposition, une pièce dédiée aux vitrines qui, chacune, raconte une histoire, un personnage, un lieu, parfois aux allures de maquettes comme ces modèles réduits des gigantesques tours exposées sur le terrain de Barjac ou à la Monumenta de Paris.
Pour vous donner une idée de la taille d’un tableau comparé à l’échelle humaine, voici Lilith (qu’on voit mieux dans l’album), que j’apprécie particulièrement, le « regardeur » a l’impression de survoler l’oeuvre.
J’ai pris de nombreuses photos pour donner une idée de l’exposition à celles et ceux qui ne pourront s’y rendre. Une photo parait ici une piètre reproduction, trop plate alors que la matière sort de la toile ou s’y enfonce, trop virtuelle alors que l’oeuvre est une présence à part entière (pour ceux qui verront de leurs yeux, vous pouvez vous amuser à chercher le petit trou en forme de crochet dans une des toiles Interieur… en hauteur… partie droite…), mais elle a l’avantage de donner à entrevoir.
Cliquez sur une image pour ouvrir l’album… et toujours plus d’agrandissement avec le « full size » à droite en bas de chaque photo.
Vous avez jusqu’au 15 avril 2016 pour voir cette exposition au Centre Pompidou, Paris.
D’autres articles sur ce blog vous parle d’autres évènements Anselm Kiefer qui ont lieu actuellement :
Anselm Kiefer, plomb et images en déroulés (installation dans le forum du Centre Pompidou)
Anselm Kiefer, l’alchimie du livre (exposition à la BNF)
A signaler un dvd très intéressant qui permet de visiter l’atelier de Barjac et de voir l’artiste au travail ou en entretien, un film de Sophie Fiennes, Over your cities grass will grow.
21 décembre 2015 at 14 h 30 min
J’aime bien l’homme … et ses œuvres également ! Merci d’y porter vos yeux pour nous, ‘vy !
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21 décembre 2015 at 16 h 52 min
J’aime bien l’homme également, peut-être du fait de la sincérité qui l’habite. Merci, Gilles.
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21 décembre 2015 at 16 h 38 min
Je ne sais trop quoi dire. Une chose est certaine, quand je regarde ce qu’il fait, j’ai envie de peindre. En fait, un seul mot me vient pour l’instant, et c’est… vertigineux. Et si je cherche un peu une phrase, celle qui me vient c’est… tout me touche… à des degrés qui varient, mais tout me touche.
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21 décembre 2015 at 17 h 08 min
Tu as envie de peindre, moi j’ai envie de mettre les mains dans la matière, de toucher, de palper, de modeler, de fondre, de semer, de partir, d’être aventureuse… et me laisser toucher infiniment. Je cherche… c’est peut-être ça le vertige…
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21 décembre 2015 at 19 h 29 min
Remarquable et très bon article. Ma femme m’en veut parce que nous ni sommes pas encore allés. Mais nous irons, parce que ce serait presque impardonnable de passer à côté…
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21 décembre 2015 at 19 h 41 min
Pas ‘presque’ mais totalement impardonnable.
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22 décembre 2015 at 11 h 46 min
oh la la, quelle ‘débauche’ de plaisir für mich!!! merciiiiiiiii Evy!
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22 décembre 2015 at 13 h 15 min
Ich bin sehr glücklich. Danke schön, malyloup.
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22 décembre 2015 at 16 h 26 min
Un immense merci!
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22 décembre 2015 at 17 h 05 min
Grand merci à vous, Henriette, pour les encouragements que votre enthousiasme m’apporte.
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23 décembre 2015 at 9 h 39 min
Et je modère mon enthousiasme :)
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3 janvier 2016 at 12 h 46 min
Je regrette tant de ne pouvoir voir ces deux expositions, kiefer étant un des artistes qui m’a tant touchée dans mes débuts….et je lui reste fidéle…alors merci pour ce partage..sourire
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28 février 2016 at 18 h 06 min
Je suis allée voir l’exposition hier avec mon ami et nous avons été tous les deux à la fois émus, impressionnés, éblouis ! Une oeuvre monumentale, en effet, et qui aborde souvent des thèmes âpres et sombres, mais qui réussit à transcender la douleur, le mal, la guerre. Du moins c’est ainsi que je l’ai ressenti.
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28 février 2016 at 18 h 09 min
Merci beaucoup pour ce retour publié sur mon blog. Je suis heureuse de l’émotion que vous avez ressentie, rien n’est donné chez Anselm Kiefer, rien n’est facile.
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28 février 2016 at 18 h 18 min
Non, en effet, et d’ailleurs même les thèmes de ses oeuvres ne sont pas toujours évidents – je pense spécialement à celles qui font référence à la poésie de Paul Celan, ou encore à la Kabbale. Néanmoins c’est très beau.
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28 février 2016 at 18 h 22 min
Oui, il y a la beauté, elle est porteuse par delà l’érudition un peu austère (pour moi) de l’artiste.
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