« La vie m’a donné cette chance de rencontrer une passion. »
Sur l’affiche une femme tend les bras comme une poupée grandeur nature… Une femme, une artiste, la photographe arrive dans l’auditorium de la Maison Européenne de la Photographie où se dévoile sur trois étages une rétrospective de Bettina Rheims, femme photographe, il est 18h.
Pour moi Bettina Rheims, c’était Rose c’est Paris, la sublime exposition hommage au surréalisme et à Marcel Duchamp, et surtout à Paris, que j’avais vue à la BNF Richelieu. Cette nouvelle exposition à la MEP m’a fait découvrir le travail de commandes (magnifiques photos de célébrités faisant la Une des magazines) et les séries, comme les Modern Lovers, concernant l’androgynie qui fut la première exposition de la MEP.
Au fil de la rencontre, je vais l’aimer cette femme, découvrir son énergie, son intelligence, sa simplicité, son humanité. Le respect du sujet photographié suintant de toutes ses paroles, la place de la parole justement, l’écoute, la discrétion.
Elle parle et je prends des notes : « j’ai beaucoup parlé de mon travail ces dernières semaines, aujourd’hui c’est la dernière fois, je vais retourner dans la solitude de mon studio qui se trouve à deux pas de la MEP ». Elle nous dit le lien de confiance qu’elle tisse avec celles et ceux qui sont devant son objectif. « Une séance est très intime, il faut faire advenir un moment magique et furtif… La ligne est mince entre une jolie image et une image où il se passe quelque chose. Il faut qu’il se passe un truc, puis déraper de ce truc et reconstruire autre chose. » Alors elle fait connaissance avec les personnes qu’elle photographie, ainsi pour sa série Chambre close, elle va à la rencontre de jeunes femmes dans les cafés et leur expose son projet : la suivre dans une chambre d’hôtel au papier peint fleuri, se déshabiller pour être photographiée. Tout comme elle va à la rencontre des femmes incarcérées, des androgynes… des projets, des histoires à raconter, des histoires à se raconter. Et elle la façon dont elle nous parle de ces rencontres est très émouvante, on les sent vibrer encore en elle.
On l’a accusée de vouloir provoquer. « Je ne veux provoquer qu’un regard ou une interrogation. Surtout pas gêner ou agresser. Montrer les choses autrement et forcer le regard des gens vers quelque chose qui est « inregardable. » Ses photos entre femmes sont une conversation entre femmes, la peau est un rapport avec la peinture.
« Faites pas ce qu’on vous dit de faire mais ce que vous avez envie de faire, vous. Ce qui compte, c’est d’avoir quelque chose à dire. » Si elle pousse un peu les gens, elle est toujours dans le respect et ne montrera jamais des choses à leur insu. Pendant cet entretien tout empreint de passion, de tendresse, d’ouverture d’esprit, d’humanité, j’avais une envie folle de revoir les photos de l’expo. Je ne les verrai plus jamais de la même façon, Bettina Rheims y a déposé un halo chaleureux, ce petit autre chose qui tisse un lien. Une belle personnalité.
Les prises de photos sont interdites à la MEP, mais je n’ai pas su me retenir, j’avais trop envie de vous partager un peu du travail de Bettina Rheims. Voici donc un très succinct album… en tout cas, j’y retournerai.
Pour les curieux une courte vidéo sur l’exposition de la BNF Rose c’est Paris
Quelques photos de Chambre close
Et le site de la MEP pour tous renseignements concernant cette rétrospective, si vous êtes sur Paris et que vous aimez la photo.
11 février 2016 at 10 h 26 min
Merci pour ce reportage et cet entretien passionnant. Je ne connaissais pas grand chose d’elle, j’irai donc voir cette expo.
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11 février 2016 at 10 h 36 min
Voir l’homme ou la femme derrière l’artiste, cela ouvre énormément sur le travail de cette personne, preuve en est encore une fois que la matière humaine est toujours indispensable pour aller au fond de l’émotion. Oui, je t’encourage fortement à voir cette expo.
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11 février 2016 at 10 h 47 min
Je viens de voir la vidéo dont tu donnes le lien, c’est très intéressant !
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11 février 2016 at 10 h 55 min
Oh oui oui oui, cette expo m’a beaucoup marquée. J’aimerais bien revoir le film, d’ailleurs, je ne sais s’il existe en dvd. Je me serais bien pris le coffret de l’expo, mais beaucoup trop cher… en même temps, c’est une oeuvre d’art, mais bon. (un fascicule broché était bien plus accessible mais il n’y avait pas vraiment les photos que je voulais).
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11 février 2016 at 11 h 44 min
Hélas, les coffrets ou les catalogues d’exposition sont en général hors de prix…
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11 février 2016 at 11 h 54 min
Les catalogues d’exposition sont abordables, ça peut faire de jolis cadeaux, le problème est davantage pour la place qu’ils prennent… Le coffret était à plus de dix fois le prix d’un catalogue classique.
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11 février 2016 at 12 h 00 min
Hum, abordables, tout est relatif… Dix fois le prix, là, en effet…
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11 février 2016 at 12 h 25 min
Le catalogue de l’expo rétrospective de la MEP est un gros recueil de très belles photos pleine page qui retracent 40 ans de la carrière de Bettina Rheims, un très bel ouvrage comportant également un journal de making off. Le prix de deux à trois best sellers. Par contre, il faut avoir des muscles, je n’aurais pas pu le ramener seule chez moi… les hommes sont parfois utiles.
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11 février 2016 at 10 h 38 min
Merci de ce partage!
L’affiche, votre commentaire sur l’affiche et les photographies de Chambre close, renvoient mon imagination à La poupée – petite digression: « J’ai été une « love doll » et j’ai aimé ça. »
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11 février 2016 at 10 h 41 min
Et c’est en écrivant sur La poupée à partir de celle de Bellmer que j’ai subitement vu un lien avec la photo d’affiche de Bettina Rheims. Merci de faire le rapprochement, Henriette.
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11 février 2016 at 12 h 11 min
Magnifiques photos…
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11 février 2016 at 12 h 25 min
Oui, elles sont magnifiques les photos de Bettina Rheims.
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11 février 2016 at 12 h 28 min
Je ne connaissais pas, mais grâce à tes photos des photos…
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11 février 2016 at 12 h 33 min
Alors tant mieux si je t’ai fait découvrir ses photos (une toute petite partie).
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11 février 2016 at 12 h 40 min
J’ai lu cet article avec beaucoup d’intérêt. On sent derrière vos mots l’intensité de votre émotion. Bettina, en effet, n’est pas forcément celle que l’on pourrait croire. Toute sa vie a été muée par son désir d’apporter à son père ce qu’elle pensait ne jamais lui avoir donné en existant. Il y a là une souffrance, sublimée avec talent.
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11 février 2016 at 12 h 59 min
Et vos mots me font penser qu’elle ne s’est d’ailleurs révélée à ses auditeurs d’un soir que par l’amour de ce qu’elle fait, parlant davantage des autres que d’elle-même. Mais l’émotion qu’elle dégageait en parlant de la souffrance de ces autres (femmes, androgynes, transsexuels) était tellement sincère et empathique que, j’imagine, seule une personne ayant souffert peut éprouver. Lorsque je me suis levée de l’entretien, j’ai regardé ma voisine inconnue avec laquelle j’avais partagé mon stylo et je lui ai dit : « c’est une belle personne », elle était d’accord.
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11 février 2016 at 16 h 02 min
Que c’est touchant. Ton reportage. Cette marche à travers toi, guidée par toi, dans l’univers de cette photographe passionnée. Merci ‘vy. Son travail est absolument passionnel et passionnant, n’est-ce pas. Habité. Son travail, et le tien aussi, plein de vibrance et de résonance. Je sors de ton article… de ton regard sur l’art… avec l’envie de plonger plus loin encore dans mes propres passions. Et de me laisser habiter. Merci.
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12 février 2016 at 6 h 47 min
C’est aussi ça que donne le regard des passionnés, l’envie de se développer toujours davantage dans ses propres passions. Ce qui ne donne aucune excuse, nous sommes d’accord, faire mariner un commentaire ne l’a jamais rendu plus tendre à la réponse. Bien, je vais affronter Charlotte, maintenant.
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12 février 2016 at 15 h 16 min
Je n’ai rien contre les marinades, moi. Charlotte aime moins, par contre.
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12 février 2016 at 15 h 28 min
Oui, j’ai compris, d’ailleurs tu remarques, je vois le com, je réponds.
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11 février 2016 at 18 h 23 min
ton texte et les propos de Bettina Rheims sont très intéressants. Cela me donne une autre idée de cette artiste.J’en étais resté à une photographe de célébrités alors que pas seulement. Merci.
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11 février 2016 at 20 h 27 min
Oui, l’exposition montre autre chose.
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11 février 2016 at 18 h 52 min
oh j’adore bettina rheims, Evy!!!! et j’ai justement regardé cette émission samedi dernier sur arte: http://www.arte.tv/guide/fr/057887-000-A/bettina-rheims-dans-la-fabrique-des-icones
pour celles et ceux qui veulent l’entendre comme tu l’as entendue (car elle y parle de tout ce que tu évoques) l’émission est à voir encore deux jours! viiiiiite!!!!
et merci pour cet article, chanceuse que tu es de l’avoir vue, cette incroyable bettina :-)
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11 février 2016 at 19 h 16 min
on ne peut pas agrandir ton carnet de notes, c’est voulu, Evy?
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11 février 2016 at 20 h 11 min
Voui, c’est normal, ce qu’il y a à lire est écrit dans le texte de l’article, pas la peine de montrer mes fôtes. Les gribouillis de loin, c’est suffisant.
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11 février 2016 at 20 h 59 min
;-)
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11 février 2016 at 20 h 09 min
Tu fais bien de donner le lien malyloup. Merci ! Oui, j’ai hésité à sortir avec le temps instable, mais j’en suis vraiment heureuse, ça restera un beau souvenir cette rencontre.
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11 février 2016 at 23 h 48 min
Je voulais te dire que Charlotte aime beaucoup, et cela depuis toujours, ce que fait Bettina. Elle crut même un temps avoir trouvé en elle son alter ego, jusqu’au jour où elle comprit que Bettina n’était pas assez vlimeuse. Mais ça, c’est une autre histoire.
En attendant, Charlotte se demande comment il se fait que le commentaire du jour que Caroline t’a envoyé, il y a de cela de nombreuses heures, le commentaire, dis-je, concernant l’article-ci dans toute sa grandeur, n’a pas reçu d’écho. Charlotte me dit que ça ne te ressemble pas… et qu’il a dû te passer sous le nez sans que tu ne le voies…ce à quoi elle s’empresse d’ajouter, Charlotte bien sûr, que quelle que soit la raison du tien, Caroline est bien placée pour comprendre les silences…
Mais au fait, qui suis-je?
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12 février 2016 at 6 h 50 min
Ni tout à fait toi ni tout à fait une autre, vous déplacer à trois me chavire les sens et me met dans l’embarras. J’aurais beau peler ma Pomme, je ne trouverai aucune excuse à mon « silence ». Mais enfin, voir débarquer Charlotte dans le bocal ne nous fait rien regretter (y a du vlimeux dans l’air, je te dis). Tu sais que les silences sont d’or comme Pomme au soleil. Je suis ravie que Charlotte aime Bettina. Je crois que je vais aller prendre une douche. Je vous embrasse toutes les trois.
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12 février 2016 at 15 h 18 min
Et nous aussi, on t’embrasse.
Elle était bonne la douche? L’eau du bocal est bien chaude?
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12 février 2016 at 15 h 29 min
Juste la température qu’il faut pour faire de belles plumes.
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12 février 2016 at 15 h 32 min
Encore une expo que je vais manquer. Merci de remplacer cette perte avec votre article et les photos ‘volées’.
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12 février 2016 at 19 h 58 min
Merci, c’est gentil de voir les choses ainsi, mais les photos ‘volées’ ne remplacent pas les vraies photos, vous le savez.
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14 février 2016 at 10 h 40 min
Bonjour ‘vy, merci pour ta visite sur mon blog Double Genre, dédié aux transgenres. J’aime beaucoup ton blog et aurais une question qui concerne ton article « Fermeture pour travaux de réflexion » (je n’ai pas trouvé le bouton commentaire) : Où trouve t-on ce « bouton » qui permet de faire automatiquement des images panoramiques à partir d’une photo standard ? Bonne Saint Valentin, Lio.
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14 février 2016 at 10 h 50 min
Bonjour et bienvenu sur mon blog, Lio. J’ai vu ça sur l’ipod de ma fille l’autre jour, elle a fait un panoramique devant moi simplement en appuyant sur la touche spéciale de son appareil (je n’y connais pas grand chose en ipod), en trois secondes, c’était fait. Je suppose que les appareils photos numérique le permette aussi.
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17 février 2016 at 16 h 50 min
J’en reviens à l’instant et je n’ai pas été déçu. Il y a de très belles photos en effet. Un univers esthétique sophistiqué, qui cependant parfois je l’avoue me laisse distant (je préfère nettement la série sur les transgenres ou sur des sujets qui ne sont pas connus). Mais j’ai aussi vraiment aimé la série des 4 photographes taiwanais. Les sortes de villes fantômes sont remarquables.
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17 février 2016 at 17 h 05 min
Je suis d’accord avec toi, c’est pourquoi j’ai apprécié la rencontre ‘humaine’ avec la photographe qui était tout en émotion à propos de ses séries sur les transgenres ou des femmes incarcérés, plutôt que les photos de magazines. Mais dommage qu’il y ait peu de photos de la série Rose c’est Paris, celle-là était vraiment belle (mais je me répète, je crois).
Je n’ai pas encore vu les photographes taiwanais, lorsque j’ai Bettina Rheims la première fois, ils n’étaient pas encore exposés. Une occasion d’y retourner. Merci beaucoup pour ton commentaire qui ajoute sa matière à mon article, Francis.
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17 février 2016 at 17 h 10 min
Elles sont cela dit toutes de très grandes qualités. Oui, ça vaut le coup d’y retourner pour ces photographes. Il y en a de très fortes, dont certaines avec un travail de collage et de » froissage » de la photo, dont le relief ainsi créé ajoute beaucoup a leur expressivité et leur sens, plutôt social, sur des villes désertées, ou plutôt des quartiers de villes.
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17 février 2016 at 17 h 17 min
Tu me donnes vraiment envie de voir ces photos. L’expo des photographes taiwanais dure jusqu’au 27 mars, ce qui laisse le temps de ne pas la rater.
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25 février 2016 at 11 h 52 min
J’adore la photo moi aussi 😊 Très jolie expo, j’adore, elles sont magnifiques
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1 mars 2016 at 20 h 53 min
Cette expo là est notée dans ma todo-list. Tu me donnes encore plus envie d’y aller. Il faut juste que je trouve le temps.
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1 mars 2016 at 20 h 57 min
Ah ce temps, on lui court toujours après. En tout cas, merci de ta visite sur mon blog.
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