Chaque fois que je vais faire un tour à la librairie de Beaubourg, je prends plaisir à feuilleter la revue de la céramique et du verre, magazine un peu cher que je me contente de regarder sur place. Je ne connais rien aux techniques de céramiques, je sais à peu près qu’il s’agit de productions en terre qu’on met à cuire. On y trouve des petites merveilles de création, alors évidemment, je n’allais pas passer à côté de l’exposition CERAMIX à la Maison Rouge. Ce dimanche, notre attention était attirée par les marathoniens qui couraient serrés de l’autre côté du canal. Quand je me suis trouvée devant l’immobilité de la façade de la Maison Rouge j’ai cru tout d’abord qu’elle était fermée, les vitres étant d’habitude transparentes. Heureusement, les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes à notre approche. Cette exposition à la Maison Rouge ne présente qu’une des deux parties de CERAMIX. L’autre étant à Sèvres, il y a peu de chance que je m’y rende, pourtant en lisant le livret explicatif commun aux deux musées, je ne peux que regretter de ne pas voir l’autre partie.
Le plus spectaculaire de cette exposition, c’est l’invasion de blattes énormes et réalistes qui s’infiltrent jusque dans le sous-sol, cette oeuvre de l’artiste iranienne Bita Fayyazi provoqua un certain tumulte lorsqu’elle fut présentée lors de la biennale de la céramique à Téhéran en 1998. Personnellement je suis partagée entre frisson et sourire… on a l’impression que l’oeuvre gigote, l’effet est excellent (pour la petite histoire, je lis dans le fascicule donné à l’entrée du musée que « chaque personne visitant l’atelier de l’artiste a été invitée à réaliser un insecte à partir des six moules qu’elle avait conçus ». J’aurais bien aimé faire mon cafard.
Je fus séduite par les magnifiques maquettes d’architecture de Raoul Dufy, très colorées. Le parcours de l’expo propose des sculptures abstraites, des WC qualifiés de « céramique suprême » non sans allusions à la Fontaine de Marcel Duchamp, des amas de formes molles aux références sexuelles, du grotesque et puis un très beau sac qui imite parfaitement le cuir.
J’ai beaucoup aimé les sculptures d’Elsa Sahal (fontaine, acrobate, Justine, …), des corps, des formes à plusieurs sens, des sexes, des fesses, des seins, qui semblent se promener librement dans l’espace. Et puis, oui, cette fontaine sexuée qui parait posée sur deux piliers de corail (ce pourraient être aussi deux bouchots comme on peut en voir en Normandie ou Picardie) sur lesquelles sont venus s’accrocher d’étranges animalcules et autres objets inattendus. M’ont amusées aussi les curieuses figurines de Jessica Harrison qu’elle achète dans les brocantes afin de leur faire subir d’étranges et lugubres transformations (oui, c’est carrément horrible).
Pour la suite de l’exposition, suivez le clic de souris qui vous emporte de façon magique sur l’article du blog de Francis, Regard sur des visages.
Vous pouvez visionner ici le film Paso Doble dans lequel le chorégraphe Josef Nadj et le peintre Miquel Barcelo créent sur scène une oeuvre éphémère d’argile, (film visible dans le sous-sol de La Maison Rouge).
CERAMIX à la Maison Rouge, jusqu’au 5 juin 2016
CERAMIX à la Cité de la Céramique à Sèvres, jusqu’au 12 juin 2016
5 avril 2016 at 12 h 12 min
J’ai beaucoup aimé également les œuvres d’Elsa Sahal. Cette forme de collaboration avec toi sur cette expo est un vrai plaisir, cela permet d’avoir deux approches, et de montrer un plus grand éventail d’artistes. J’espère pouvoir aller au musée de Sèvres voir la suite… Tu as mis de très belles photos et apporté des précisions indispensables !
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5 avril 2016 at 12 h 33 min
C’est fort intéressant nos deux regards différents. J’espère que nos visiteurs y trouveront plaisir. Si tu vas à Sèvres, j’attends avec impatience de voir la suite… mais pas que des visages, hein.
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5 avril 2016 at 13 h 42 min
Non, dans ce cas, ce sera une sélection sans thème particulier.
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5 avril 2016 at 12 h 37 min
Merci pour le « agrandissez l’image, c’est bien plus drôle » avant que je ne lise « c’est l’invasion de blattes énormes… » tu as réussis à me faire peur pendant 1/10e de seconde. :-)
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5 avril 2016 at 13 h 01 min
Super !!!
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5 avril 2016 at 13 h 27 min
Nous aurions pu nous croiser. Tu as fait là un travail formidable, c’est très enrichissant. Petit coup de coeur de mon côté pour Chiaro di Luna, émue même.
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5 avril 2016 at 13 h 29 min
Et tellement joli à prononcer.
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5 avril 2016 at 13 h 27 min
à ‘vy et francis: eh bien entre vous deux, la visite se complète à merveille…merci à vous…sourire
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5 avril 2016 at 13 h 30 min
Merci Irène.
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5 avril 2016 at 14 h 02 min
Très réalistes les cafards !
J’aime bien le sac en cuir également.
Pour les formes humaines plus ou moins tronçonnées j’ai plus de mal à apprécier.
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5 avril 2016 at 14 h 37 min
Certaines sont même très tronçonnées.
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5 avril 2016 at 14 h 37 min
L’ARGILE
Ils disaient : » l’argela »
Vous disiez : » la arcilla »
Nous étions frères dans la fange.
L’argile ouvrait très largement
les yeux de l’oc et de l’Espagne.
Vous disiez : » la arcilla « ,
de Madrid à Séville;
et nous » l’argela »
de Clermont à la mer
des Alpes aux Pyrénées.
Nous la contemplions dans sa mollesse
et dans sa dureté,
l’argile des temps obscurs
semblable à elle comme au temps
où Dieu seul
lui insufflait la vie.
Et nous la pétrissions
et nous la caressions
du doigt
et le soleil de chaque pays
égal pour tous
la brûlait.
Et la séchait,
et la durcissait.
Il en faisait le fer
d’un pot
et l’ampleur
d’une jarre.
Le ventre plein
de la femme enceinte
le blé mûr
pour passer l’hiver,
et l’eau fraîche
quand tout est sec,
et l’huile verte
dans les ténèbres du temps.
Tu disais : » la arcilla « ,
ô toi Neruda,
dont la face
était d’argile pleine
et bien pétrie.
Qui levais sur nous
ces yeux
qui avaient vu
le chemin des Incas
et la neige savoureuse
et l’air irrespirable
des Andes.
Joues d’argile
front de pierre
et tes yeux de songe
qui croisèrent les yeux ensevelis
de Lorca.
» La arcilla » le couvre
» La arcilla » remplit sa bouche
« La arcilla » ferma ses yeux
Il s’est enfoncé doucement
dans » la arcilla « .
» La arcilla l’a dévoré
lentement,
et nul ne sait, dans la honte,
où l’on a jeté son corps
comme celui d’un chien mort.
L’olivier, l’olivier, avec ses doigts gris
dit oui, dit non, au fil du vent
à celui qui vient questionner l’argile
et d’un olivier à l’autre on ne sait pas
où il s’endormit pour toujours
Max Rouquette
.
Sourire au masque libéré de la souffrance temporelle, ne sentant plus par le regard, que l’éternelle chaleur des doigts qui l’ont pétri, remonter un Autre sel à ses yeux.
Magnifique préemption du Souffle
Mis en double, à ‘vy et à toi Francis, très chaleureusement.
Alain
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5 avril 2016 at 14 h 42 min
Un gros merci pour ce beau texte. L’argile, je l’ai maintenant sous les pieds, d’ici qu’elle me monte dans les mains… je rêverais bien encore.
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5 avril 2016 at 14 h 51 min
La sentir s’élever de l’empan au baiser des phalanges, ongles prêts à retenir l’échappée entre les jointures…argile te vivre en toute sensualité
Tu es Femme !
❤️
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5 avril 2016 at 14 h 53 min
C’est vrai, l’argile c’est ça aussi.
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5 avril 2016 at 15 h 19 min
encore une fois, j’ai regardé avant de lire….hihihi….je me jette sur tes images comme une affamée (tu sais m’appâter, faut dire!)
merciiiiii pour ce partage, Evy et je vais me hâter vers l’article de francis pour finir mon ‘repas’ artistique ;-)
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5 avril 2016 at 15 h 21 min
Une louve affamée à qui il reste toujours une petite faim. Ta gourmandise est belle à lire, malyloup.
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5 avril 2016 at 15 h 47 min
suis restée une enfant….qui adore les images ;-)
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5 avril 2016 at 15 h 25 min
et j’ai retrouvé qq chose à te partager en ‘matière’ de céramique: http://observerlavie.wordpress.com/2015/04/20/sous-le-signe-de-la-terre-du-feu-et-de-leau-cliquez-sur-les-mots-en-italique/
(heu j’espère que ce lien fonctionne car il est un peu ‘long’….)
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5 avril 2016 at 15 h 36 min
Le lien fonctionne et je te remercie de ce partage.
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6 avril 2016 at 9 h 36 min
Merci pour cet article. Je vais y aller !
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6 avril 2016 at 9 h 46 min
Tu y découvriras encore d’autres céramiques.
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6 avril 2016 at 9 h 40 min
Je me régale des reportages toujours précis, directs, illustrés, qui dévoilent à la fois les émotions et le concret de l’œuvre. Bravo aussi pour ce dialogue à deux, Francis Palluau, qui complète à merveille le récit et les photos. Merci à vous !
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6 avril 2016 at 9 h 49 min
Merci d’avoir apprécié, le plaisir est ainsi partagé.
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6 avril 2016 at 10 h 45 min
Merci de ce Cera’mix de ‘vy, de Francis et sensibilité(s)! De vos regards, j’ai fait le mien.
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6 avril 2016 at 13 h 21 min
Et nous savons combien votre regard en est encore un autre, ô combien indispensable. Vos commentaires sont délicieux à lire. Merci.
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