Double je est une exposition au Palais de Tokyo. Double je est une enquête… une expérience. Un jeu, prétexte à une exposition d’art et d’artisanat, ou le contraire. On vous donne un petit livret à l’entrée du jeu. L’histoire : un artisan d’art Ganel Todanais s’accuse d’un crime, il dit avoir tué son rival Natan de Galois. Le corps est introuvable. A partir de là, on nous propose d’explorer la scène de crime, imaginée par l’écrivain Franck Thilliez. Le visiteur est alors plongée dans l’intimité d’un artisan d’art. Le décor reproduit un domicile et des ateliers. Le mobilier et les objets ont été l’occasion de commandes, à des artistes, des designers et des artisans d’art. La mise en scène nous plonge dans la subjectivité des personnages et invite à se comporter autant en profiler qu’en enquêteur parmi les indices de ce thriller psychologique. Pour parvenir à dénouer l’énigme du drame, il faut partager avec l’artisan d’art, l’artiste et le policier, une même obsession du détail.
Je vous propose de me suivre à travers les dédales de mon parcours… n’hésitez pas à regarder en grande image (vous trouverez le lien d’agrandissement sous chaque image à droite « voir…full size ») (une mise à jour à été faite le 16 mai à 12h23, ajouts images et mots, changements)
Dès l’entrée des traces de sang, je trouve de nouvelles preuves à mon second passage.
J’entre dans le bureau, des objets à terre, cassés, des photos déchirées, des tests de Rorschach sur les étagères.
Un miroir déformant dans le séjour et dans la chambre un drap taché de sang… la police a aussi laissé ses traces.
L’arme du crime (qui l’a nettoyée ?), une dague en acier damassé dont le manche reproduit les vertèbres d’un serpent. Sur le talon de la lame une tête de mort. Ce motif est repris sur la lame en anamorphose.
des objets d’art comme ces magnifiques couvertures de livres…
ou encore ce sac à plumes… ou ce collier en silicone en forme d’aorte (?)
Une vitre opaque donne sur le garage, on aperçoit une voiture customisée. Avant de sortir de l’appartement, je jette un dernier coup d’oeil… je vois passer une ombre dans le tableau… suis-je suivie ?
L’atelier de Natan est lumineux… Mon acolyte, ma fille, prend une photo panoramique. Je m’occupe du reste. Beaucoup de choses à voir dans cet atelier qui présente nombre d’activités : imprimerie, encadrement, un plateau dédié à la lithographie, la marqueterie, l’impression 3D, etc. J’aperçois aussi un livre sur Hans Bellmer… et encore des traces de sang, semble-t-il.
une maquette des lieux est cachée sous une table
Le coin du plumassier ? du brodeur ? du céramiste ? et puis des livres de Franck Thilliez… étrange… et ses vases colorés dont la forme a été générée par le son de la voix… « recueillir des hurlements », n’est-ce pas ce que j’ai entendu dans la scène finale filmée ? Ces vases sont-ils les preuves modelées des hurlements de la victime ?
Je longe un corridor décoré de photographies de dédoublement physique… J’entre dans le garage où se trouve la ford Capri MK1 customisée. Je jette un oeil de l’autre côté de la verrière, j’aperçois l’appartement. Rien ne bouge et pourtant, j’ai toujours l’impression d’être suivie.
une moto habillée de plumes…
Qui garde le labyrinthe ? Ces morceaux de cadres nous font sortir de l’espace que nous croyions habiter.
Je suis à présent dans l’atelier de Ganel, celui qui s’accuse du meurtre. Le labyrinthe signifie-t-il que j’ai changé de monde ? Je me suis aperçue de l’autre côté d’un miroir. Tant pis, je continue mes recherches. Encore… Veut-on m’intimider ? Faut-il fouiller la poubelle.? Qui es-tu, toi qui voudrais te faire passer pour moi ? Si peu de lumière, j’y vais à tâtons. Il y a un bureau parmi tous les établis, un lit caché, une télé qui diffuse un film dont je discerne l’image dans le miroir… De biens jolies choses sont fabriquées ici.
Sombre, obscur, c’est là que je me suis sentie suivie la dernière fois… un ancien Strange, je lisais ça… une invitation à prendre un café ?
Je quitte l’atelier de Ganel et entre dans une pièce qui ressemble à une lingerie ? Pourquoi appelle-t-on cette salle « cinéma » ? Il y a quelques films, on y voit des artistes/artisans parler de leur savoir-faire… soudain tout s’éteint…
(16 05 16) Lors de mon second passage le lendemain du premier, donc le 14 mai, j’ai pu parler avec une médiatrice. Elle m’a expliqué pour la tête de mort sur le couteau, j’ai regretté l’absence de sang, enfin… Je lui ai demandé pourquoi il semblait y avoir deux acteurs pour le même double rôle… celui que l’on voit partout sur les photos, un homme d’âge mûr, alors que celui de la scène finale est jeune. Tout simplement (mais je m’en doutais un peu) parce que le film a été fait par un autre artiste qui a choisi son acteur. Personnellement, après avoir lu la nouvelle, je choisis le jeune acteur que je vieillis un peu, juste un peu, à peine… Franchement cette scène, cette histoire, même de loin, l’ambiance surtout, me fait un peu penser à un jeu vidéo auquel j’ai joué il y a longtemps : Phantasmagoria… sauf que dans la nouvelle de Franck Thilliez, c’est moins horrible… enfin, peut-être plus, en fait, mais ça c’est à chacun d’en juger selon sa sensibilité (je connais le fin mot de l’histoire, si vous voulez savoir, je vous le donnerai en suite de votre commentaire) (à gauche la liste des artistes et artisans ayant participé à l’installation)
***
Ce parcours passionnant se termine le 16 mai, au Palais de Tokyo, voir Double Je
Pour imaginer cette exploration, Franck Thilliez s’est inspirée de sa nouvelle Double Je, En quête du corps (coéditée par le Palais de Tokyo et Fleuve Editions)
Et pour ceux qui veulent aller plus loin, voici quelques paragraphes tirés de la nouvelle. Attention, l’épilogue donne la solution.
13 Mai 2016 at 14 h 54 min
Super intéressant ce concept… Je n’ai jamais vu ça ! Et j’en ai pas entendu parler… Merci pour la découverte et les belles photos…
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13 Mai 2016 at 17 h 01 min
Oui, ils font des choses pas mal, parfois… allez, on va dire souvent, au Palais de Tokyo. Hé, n’oublie pas, bientôt Houellebecq est à la fête là-bas.
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13 Mai 2016 at 17 h 11 min
Je t’ai twitter, enfin ton article… Hehe Houellebecq !
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13 Mai 2016 at 17 h 21 min
C’est sympa, Goran. Merci. Oui oui Houellebecq, je suis curieuse de voir (sans à priori et l’esprit ouvert) ce qu’il va faire de son exposition. J’aurais l’occasion d’en parler j’espère.
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13 Mai 2016 at 17 h 32 min
Tu me raconteras ça j’espère… A très bientôt.
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13 Mai 2016 at 15 h 26 min
Joli coup.
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13 Mai 2016 at 17 h 57 min
Une sorte de Psychose?? L’artiste et son double, il sacrifie son autre?
Qu’avez-vous trouvé?
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13 Mai 2016 at 18 h 12 min
Ma principale trouvaille fut que Ganel Todanais est l’anagramme de Natan de Galois. On se retrouve donc avec deux personnages dans le corps d’un… Mais n’oublions pas qu’il n’y a pas de corps, donc pas de crime, du moins pour le moment. Une femme vit avec les deux hommes, enfin avec l’un mais bien obligée d’accepter l’autre sinon, rien ne va plus. Quand on aime… Si ça vous intéresse je scannerai les quelques paragraphes tirés de la nouvelle qui nous sont donnés à lire pendant la visite. J’ajouterai ça sur mon blog. Avec l’épilogue qui donne la solution.
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13 Mai 2016 at 18 h 32 min
Oui, merci! Je suis curieuse d’en savoir plus (et surtout la solution).
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13 Mai 2016 at 19 h 34 min
Voilà, l’album des extraits de chapitres est en ligne.
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14 Mai 2016 at 10 h 06 min
Pour le coup, je trouve le concept assez intéressant, découvrir des oeuvres d’art à travers le prisme de scènes de crime… ça rend la visite instructive et ludique à la fois ! En plus, j’ai lu certains romans de Franck Thilliez qui était assez sympa, notamment le cycle Syndrome E et Gataca, donc ce ne serait pas pour me déplaire.
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14 Mai 2016 at 13 h 36 min
En tout cas, ça m’a donné envie de lire la nouvelle Double Je.
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14 Mai 2016 at 17 h 51 min
En effet, le thème de multiples personnalités m’a toujours plu que ce soit dans les romans ou le cinéma… je vais m’y pencher aussi…
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14 Mai 2016 at 13 h 35 min
Passionnant réellement, dommage que je ne puisse y aller d’ici le 16 mai… je vais revenir revoir tout en détail tranquillement avant de lire l’épilogue en tachant de me faire ma petite idée avant. Le concept est innovant et permet de découvrir des œuvres comme des témoignages ou des indices.
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14 Mai 2016 at 13 h 54 min
Je l’aurais raté sans ma fille. Et dommage qu’on y soit allé si proche de la fin. Si j’y retourne le 16, j’essaierai de mieux voir les oeuvres d’art, il faut toujours retourner sur les scènes de crimes, il y a des trucs qui échappent la première fois. Surtout quand on prend des photos et qu’on veut tout attraper d’un coup, le regard n’est pas le même, forcément. Un très bon concept en effet. Pour l’anecdote, un petit garçon voyant les objets cassés au sol dans le bureau disait à sa mamie « il y a des choses par terre, est-ce qu’il faut que je les ramasse ? » trop mignon.
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31 Mai 2016 at 11 h 15 min
comme qq’un le dit plus bas, je t’avais aussi raté sur ce coup-là ;-)
bon, ça ne m’étonne pas trop car je ne suis pas fan des scènes de crime et autres polars
je pense, par contre, que ça doit avoir du succès vu le nombre de feuilletons tv sur le sujet ;-)
d’ailleurs aux imaginales, il y a une murder party organisée par la BMI d’épinal et c’est toujours complet dès le premier jour de l’annonce des inscriptions!http://bmi.agglo-epinal.fr/EXPLOITATION/Default/doc/AGENDA/124/murder-party-station-nimoy-2068
l’an dernier en visitant une expo des imaginales, j’ai photographié (avec leur accord) les employées de la BMI juste avant le début de la murder party car elles sont costumées pour l’occasion et leur enthousiasme fait grand plaisir à voir …..faudra que j’en parle de ces dames-là :-)
cela dit, j’adooooore tes photos, comme d’hab, ainsi que tes anecdotes comme les mots de ce petit garçon :-)
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31 Mai 2016 at 11 h 24 min
Ah oui, mais là, c’était un prétexte à découvrir des oeuvres d’artisans et d’artistes, et puis il n’y avait même pas de mort. Ça m’a l’air pas mal la murder party, moi j’aime bien les polars et scènes de crimes.
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31 Mai 2016 at 11 h 33 min
j’me doute, miss gore ! et hop je viens de taper ‘miss gore’ et bien sûr, ça existe! lol
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31 Mai 2016 at 11 h 38 min
Oh, hé, j’aime pas le gore, l’hémoglobine, c’est pas vraiment mon truc.
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31 Mai 2016 at 11 h 41 min
oufff! on se comprend alors!
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14 Mai 2016 at 17 h 39 min
C’est un bon concept, mais je n’aurai pas le temps d’y aller avant le 16 … dommage que je n’aie pas été au courant plus tôt … J’ai quand même évité de regarder l’épilogue, au cas où !
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15 Mai 2016 at 8 h 57 min
Oui, je regrette aussi de ne l’avoir pas su avant, je pense que beaucoup de personne auraient aimé y aller. J’y suis retournée hier et je viens de lire la nouvelle. D’ici deux jours, je pense ajouter quelques photos et autres explications.
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15 Mai 2016 at 12 h 03 min
J’ai hâte de voir ça :-)
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16 Mai 2016 at 14 h 24 min
Juste pour vous dire que la mise à jour est faite.
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16 Mai 2016 at 17 h 16 min
Merci, je vais regarder :-)
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15 Mai 2016 at 8 h 27 min
C’est vraiment novateur comme concept. Merci de nous l’avoir si joliment fait découvrir.
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16 Mai 2016 at 14 h 06 min
Merci pour les ajouts, qui éclaire un peu plus cette exposition et ce mystère… que j’avais quelque peu deviné malgré tout. Mais ça me parait vraiment passionnant.
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16 Mai 2016 at 14 h 23 min
On se demande tout de même ce qui s’est passé, il y a du sang quand même. Le double obscur (qui pense être mariée avec Ariane) a bien poignardé celui qui vit au grand jour lorsqu’il pense que sa femme le trompe avec lui, l’artiste à succès qui lui pique ses oeuvres. Il s’en sortira, physiquement du moins. Ariane ne veut pas l’interner et fera tout pour qu’il retrouve sa santé mentale.
D’être entrée ainsi dans le jeu (je), ça continue à trottiner dans ma caboche.
Merci d’être repassé, Francis.
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16 Mai 2016 at 14 h 48 min
A moins que… Ganel, je crois, soit la part artiste de l’homme est maquillé lui même sa propre disparition en meurtre. Dans ce cas, lequel a survécu ? L’homme ou l’artiste ?
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16 Mai 2016 at 15 h 04 min
Ganel est le créateur, l’autre ne fait que faire ce qui se trouve déjà dans son esprit mais c’est lui qui est reconnu, lui qui expose, alors que l’autre reste dans l’ombre. Ariane vit avec les deux et compose bravement avec les deux personnalité et elle en est même leur protectrice. Pas de maquillage, que de la sincérité dans la tête des deux hommes. Natan pense que c’est un fantôme qui le poursuit. Ganel est très jaloux de Natan qui lui prend tout jusqu’à sa femme, il pense l’avoir tué et se rend à la police en s’accusant du meurtre. L’enquête ne montre aucun cadavre. Ariane dit que l’artiste Natan a l’habitude de disparaitre et qu’il faut relâcher Ganel. Ganel perd son sang, il s’est perforé le ventre et agrafé la blessure. A l’hôpital où il est emmené, Ariane le rejoint, sauf qu’il est redevenu Natan. Il lui dit qu’il a été agressé, que le fantôme existe bien. Ariane qui a discuté avec l’inspectrice de l’état de santé de son compagnon, ne veut pas entendre parler d’internement, ce qui le détruirait totalement. Alors elle lui dit, et ce sont les mots de la fin : « il faut que je te parle de lui… »
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16 Mai 2016 at 15 h 07 min
J’avais donc supposé juste en grande partie, merci pour toutes ces précisions! Il faudra que je lise cette nouvelle en entier tout de même…
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16 Mai 2016 at 14 h 30 min
Merci pour le fin mot de l’histoire!
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16 Mai 2016 at 17 h 29 min
Merci pour toutes ces explications … Le titre de l’expo laissait en effet supposer quelque chose de ce style.
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19 Mai 2016 at 11 h 20 min
Je vous ai loupée sur ce coup-là, moi qui adore vos comptes-rendus d’expos et encore plus l’art contemporain de visu et les romans policiers. Voilà, j’ai les trois d’un coup pour le prix d’un mais que demande le peuple ? Je me suis bien amusée aussi à lire tous les commentaires. Merci ‘vi.
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19 Mai 2016 at 15 h 11 min
Alors tant mieux, j’aime bien qu’on s’amuse chez moi. Merci, Anne.
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