Gilbert Peyre, l’électromécanomaniaque qui donne vie aux machines. Pour ce que j’en avais vu sur l’affiche, et lu ici ou là, j’étais très curieuse de voir cette exposition. J’avais déjà remarqué le « J’ai froid » de l’artiste ici même à la Halle Saint Pierre (si je ne me trompe), le bruit des sabots claquant le sol de cet étrange individu au crâne de daim dégarni, revêtu d’une peau de lapin, répétant inlassablement et lugubrement « J’ai froid », m’avait un peu donné froid dans le dos.

« Oui, vous pouvez prendre des photos » – Je ne me souviens pas avoir pu sortir mon appareil photo à la Halle Saint Pierre. Quelle aubaine ! C’est une frustration de ne pas avoir d’images à montrer lorsqu’on fait un article sur une exposition, surtout que la Halle Saint Pierre fait partie de mes lieux artistiques préférés. J’ai toujours le même plaisir gourmand à pénétrer dans la salle du bas, si sombre que l’éclairage joue délicatement avec les oeuvres et nous les confie de façon intime comme un présent personnel. Alors là, pour une fois, je vais pouvoir vous emmener dans ma visite visuelle.

ambiance
(cliquez pour agrandir l’image)

Lorsque nous entrons dans la salle mon amie et moi, les silhouettes des automates que Gilbert Peyre a passé sa vie à construire et animer à partir d’objets récupérés, se découpent dans le noir théâtral savamment mis en scène. Le lieu est silencieux, rien ne bouge pour l’instant, on nous a proposé de faire un tour parmi les oeuvres inertes en attendant que quelqu’un vienne les animer. Une par une elles se mettront alors en mouvement pour quelques instants. Elles ne peuvent fonctionner en même temps tout le temps durant toute la durée de l’exposition, mais il est facile d’imaginer si tel était le cas, dans quel désordre de son et de mouvement nous serions plongés. Nous finirions peut-être happés par la confusion sonore. Hum… elles n’attendent que ça, non ? Raisonnablement, il faut se contenter de suivre le rythme de la visite. Cela ne retire rien au plaisir… ou peut-être un peu quand même. L’idéal, une fois qu’on les a vu bouger, serait de fuir le groupe et de naviguer seule au milieu des machines, de s’abandonner à leur fantasmagorie poétique qui se dégage même dans l’immobilité. Ce que je ferai sûrement lors d’une prochaine visite. Pour l’instant, je me contente de découvrir ce que l’enchanteur Peyre a conçu à force de bricolage ingénieux et de savoir faire technologique. Quelques dessins sur les murs nous expliquent un peu le processus de création.

Dans le premier album ci-dessous, quelques photos et gifs animés des automates de la première salle (les images peuvent être agrandies en taille réelle – full size en bas à droite sous l’image)

Une seconde salle à l’étage propose d’autres machines et une idée du décor du sculptur’Opéra « Cupidon propriétaire de l’immeuble situé sur l’Enfer et le Paradis » sous une forme réduite. Un mini spectacle de cinq minutes, sans comédiens ni textes ni compositions musicales d’origine, transforment soudain ce sage décor en une effervescence sonore et visuelle. Alors que des jambes roulent et font le tour du plateau, les portes de l’armoire s’ouvrent brusquement, balançant son contenu de droite et de gauche, joyeux ballet claudiquant des objets, un roi cochon s’agite pendant que des cloches résonnent, des têtes de poupées dansent, une souris court sur la table, la cuillère s’acharne sur l’assiette, et une bouteille de champagne vise les verres qui s’offrent à elle. Un lapin blanc mettra un terme au spectacle (j’ai eu l’idée de filmer, c’est une première, mais je n’arrive pas à mettre le film sur youtube, je l’ajouterai si jamais la solution me parvient)

cupidon

Et encore quelques photos de ces si singulières machines, étonnants automates.

L’exposition est visible à la Halle Saint Pierre jusqu’au 26 février 2017, en bas du Sacré Coeur.

Je l’ai ajoutée dans une réponse à un commentaire, mais je pense qu’elle mérite une place dans l’article : la librairie de la Halle Saint Pierre.

librairiehstp