Hier soir j’étais invitée par le Centre Pompidou à une visite guidée de l’exposition de Jean-Luc Moulène (dont je doutais que je serais follement intéressée mais sait-on jamais). Et comme je voulais absolument voir l’exposition Takashi Murakami à la galerie Perrotin et celle consacrée à Gregory Crewdson à la galerie Templon (le tout se tenant presque dans un mouchoir de poche autour du Centre Pompidou), j’avais prévu de faire d’une pierre trois coups.  Mais le hasard (que je l’aime celui-là) avec beaucoup d’humour et de bonté allait un peu changer mon emploi du temps.

Galerie Perrotin, rue de Turenne, c’est la première fois que j’y pénétrais. Je ne m’attendais pas à trouver une galerie plus grande que certains musées que je connais. Murakami, on aime ou pas, moi j’aime, le trash coloré, le mouvement, les p’tites fleurs, le mickey post-nucléaire, la multitude de détails. Je l’avais raté à Versailles alors là, je me rattrapais, et quel rattrapage, la galerie nous a gâté (je vous rappelle que c’est gratuit, alors pas d’excuse de s’en priver si vous êtes dans le coin) entre l’hommage de l’artiste japonais fait à Bacon, l’immense salle aux trois murs recouverts de fresques, et le robot Murakami qui récite un mantra en roulant les yeux. Je me régalais, un peu comme ces deux dames, j’imagine, qui semblaient ravies (un peu perplexes aussi peut-être) dans la salle des fresques ou comme ce couple hilare dont la femme se met à réciter le mantra de concert avec le robot. Voici un aperçu de ma visite, cliquez sur une image pour entrer dans l’album, je vous retrouve dessous pour la suite…

Donc, je sortais de l’exposition, et faire un petit tour à la librairie s’imposait… et là mon attention est attirée par un papier qui disait à peu près : « Sophie Calle dédicace son nouveau livre à 18h30 ». Sophie Calle, une de celle qui m’a donné envie de faire de la photo différemment, une femme dont les expositions m’ont souvent touchée (je me souviens fort bien de celle à la BNF Richelieu à Paris, magnifique lieu et délicieuse exposition sonore : ‘prenez soin de vous’), je feuillette le livre qu’elle doit dédicacer, il reprend nombre de ses travaux… un très bel objet… un peu cher… je vais boire un café, histoire de réfléchir… je 1016callededicacene cours pas après les autographes… mais là… Sophie Calle, tout de même, une longue histoire tout ça… Et me voilà avec mon gros bouquin bien lourd à attendre sagement mon tour pour la signature : « je peux faire une photo », je lui demande. « Bien sûr… du moment que je n’ai pas la bouche ouverte ». Et voilà, un échange de sourire franchement chaleureux, je ressors guillerette, me dirigeant vers Beaubourg (hélas, pas le temps d’aller à la galerie Templon, il est presque 19h, mais ce n’est que partie remise)

Comme je suis un peu en avance, me voilà dans la librairie de Beaubourg en train de feuilleter le superbe album de la dernière série photos de Crewdson (cathedral of pines), justement celle que je verrai très bientôt, les photos sont vraiment belles, le temps s’y arrête causant avec la mélancolie, la nature, j’adore ! L’heure de l’expo que je suis venue voir approche, je continue à picorer de la lecture d’art ici ou là, et là, oh tiens, une séance de dédicace, qui est-ce ? Barthélemy Toguo… whahhh, alors lui, je le connais bien, il est assez souvent au Palais de Tokyo, ça fait dix ans pile (j’ai vérifié) que ses dessins aquarellés m’ont intriguée. Il présente son nouveau livre tout en mots, je fouille un peu dans les ouvrages plus anciens et je trouve un livre plein de photos de ses oeuvres. Je me présente devant l’artiste essayant d’arracher la protection de cellophane du bouquin. Il me le prend des mains, s’en occupe, il l’ouvre, commence un dessin… « je peux prendre une photo ?  » j’ai l’autorisation… B. Toguo s’exclame « ah celui-ci, il faut absolument lire ce texte », il cherche dans le livre… son assistant me dit « allez vous mettre à côté de l’artiste » et il s’empare de mon appareil photo. « ce texte, c’est tout moi » ajoute l’artiste en m’expliquant le pourquoi du comment le texte en question a été écrit… il continue son dessin pendant que des photos encore se font. Alors B. Toguo se lève et me prend par l’épaule. Photo !

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En ce moment Barthélémy Toguo est avec trois autres artistes nommé pour le prix Marcel Duchamp. L’oeuvre qu’il présente « est consacrée aux épidémies qui frappent durement le monde et notamment l’Afrique : le sida et le virus Ebola. Les dessins et les vases réalisés en Chine ont été conçus après l’observation au microscope de cellules infectées et à partir de documents de travail des scientifiques  de l’institut Pasteur… »

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Voilà, heureusement mon mari est venu me rejoindre avant d’aller voir l’exposition de Jean-Luc Moulène (dont je ne parlerai pas ici), il m’a délesté du poids de mes livres, pour que je puisse prendre quelques photos…

Pour voir l’exposition Murakami, c’est à la galerie Perrotin, jusqu’au 23 décembre 2016.

L’exposition Crewdson qui, je n’en doute pas, doit être magnifique, c’est à la galerie Templon, jusqu’au 29 octobre.