MLpoissonrouge1002Heureux qui, comme Ulysse… me voilà revenue après un long voyage hors des sentiers battus par les vents du verbiage. Pénélope n’est plus là et la tapisserie de mes chuchotements ressemble à un tas de reliques. Le sens de ma vie s’égaille au-dessus de ces ruines dont je reconnais peu le bourdon des chimères d’autrefois. J’ai visité les dieux, les livres et les arbres, traversé des tempêtes, accosté des rivages hostiles, triomphé des moulins qui n’étaient que du vent. Cent fois j’ai répudié les mots pour ne jamais céder à une tentation de vous faire ressurgir. Je me suis réfugiée à l’autre bout de moi, là où le silence cède aux tumultes des vies. Ai-je gagné en raison ? L’apaisement nait-il de ces mutilations ? Où êtes-vous passés, amis des Territoires ?

Je soulève les mots couchés sur la rocaille, je ne sais plus vos noms, j’ai brisé vos images. Un peu jeté au loin ce qui me ressemblait. Je voudrais croire, petite soeur quantique, que ton regard me touche à travers les strates du vide. Vous vous défiez de moi, je me méfie de vous. Où suis-je revenue ?