Le temps lui est venu de dépecer ses rêves, les enfermer dans la vieille malle rouillée qui lui servait antan à descendre hors du monde, venu de maquiller son coeur de brumes délétères jusqu’à ce que raison s’incline. Elle s’abandonne au flux du temps retrouvé puisque les rêves ne suffisent plus à combler les assauts de la déesse sombre. Elle ranimera ses cauchemars. Ils étaient sa débâcle son obsession l’abjecte émanation de ses peurs ses errances dans les contrées fétides labourées par la violence des vents impitoyables. Elle s’éloigne de ses mornes dérives que les mots ont rongées pour n’en laisser que des moignons noircis de pourriture mielleuse. Prédatrice de la nuit elle remonte à la source des vagues d’épouvante qui la soulevaient hors des marges la veillant dans l’enfer de sa chambre parée en cocon de terreur. Les suées nocturnes les branle-bas de combat de son coeur exultant de frayeur, les respirations tranchées par les lames d’angoisse soumises aux effleurements des souffles vénéneux des hideuses présences. Elles les avaient enfouis sous les limons des sens invalidés des langueurs mortifères. Le premier coup de hache dans sa chair recompose le code trop longtemps négligé et lui ouvre les portes de ses gouffres morbides où l’attendent affamées les puissances obscures. L’ogresse des profondeurs ultimes l’ordonnatrice de ses faims insatiables. Elle…

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s’éveille, se déplie, s’étire, compte sur ses doigts pour s’assurer qu’elle n’est plus en train de rêver. Un deux trois elle est dans l’au-delà, ils la tiennent, elle ne pourra s’extraire de l’antre des démons, ses dérisoires combats contre ses délires insidieux se perdent dans l’emboitement de ses désillusions. Elle essuie d’un revers de la main le filet de salive rougeâtre qui s’écoule de sa bouche glisse sur son menton fuit le long de son cou se perd entre ses seins. Elle le sait là, près d’elle, alangui par le baiser mortel qui oeuvre inexorablement.