Peintre, céramiste, graveur, sculpteur, créateur ? Avant cette année, je ne connaissais que de très loin Miquel Barcelo, de nom tout au plus. Et d’un coup, je me suis fait un triplé d’expositions qui, petit à petit m’ont familiarisée avec son style, son travail, son art. A la Maison Rouge, lors de l’exposition CERAMIX c’est par le film d’une performance en Avignon qu’il a attiré mon attention, on le voit avec son ami chorégraphe manipuler la terre crue de façon très spéciale, le corps finissant par ne faire qu’un avec la terre. Cette performance n’est pas la seule qu’il a donnée puisque dans un des films de la BNF, il renouvelle l’expérience en plein air, en Afrique cette fois. Intriguée, sinon moi-même épuisée par l’effort fourni sur l’écran, j’enchainais sur l’expo que le Musée Picasso (Paris) lui consacrait, première partie de Sol y sombra, dont je mets quelques photos à la fin de cet article. Et puis, tout récemment je suis allée à la BNF, voir l’autre partie de cette exposition, mais cette fois j’en savais un peu plus sur Miquel Barcelo dont l’univers commence à me devenir familier.
Sgraffier… égratigner légèrement. Miquel Barcelo peint, travaille la terre, sculpte, grave. « Graver, c’est une espèce de pulsion, la même qu’à l’origine de la peinture, une pulsion très érotique. Avant de verbaliser les choses, il y a cette envie d’intervenir, de passer la paume de la main pour révéler ce qui n’est pas visible. » (M. Barcelo). Ce geste, on le retrouve dans ses peintures, ses céramiques, ses sculptures, ses lithographies.
Je vous propose de me suivre dans cette exposition à travers un choix personnel d’oeuvres dans l’album ci-dessous :
En sortant de l’exposition, les yeux tombent sur LA fresque. Longue longue fresque de 195 mètres de long, à chaque pas, je ressens de l’enthousiasme, je pénètre, je voyage. Cette oeuvre éphémère réalisée au doigt, à la main, au coude et avant-bras, à l’os, à la spatule, à la brosse et à la serpillère, sur une fine couche d’argile couchée sur les vitres de la grande bibliothèque, sgraffiée par l’artiste qui nous offre un bestiaire fantastique animé par les bons vouloirs de la lumière extérieure. Impressionnant, magnifique, déroutant, excitant, je suis une puce qui saute dans les méandres du dessin.
Pour terminer, comme convenu, voici quelques photos de Sol y sombra, au musée Picasso, Paris.
Vous pouvez voir à la fin du précédent album deux morceaux de céramiques concernant la cathédrale de Palma de Majorque, dans le film qui suit, vous verrez in situ l’oeuvre de l’artiste. Ça me parait vraiment beau !
9 juin 2016 at 14 h 18 min
Dramaturgie vivifiante que la démesure espagnole sait maintenir dès lors qu’elle prend l’art pour exprimer un concept de vie que je partage ô combien !
Toujours du bon filon ma* ‘vy !
(Ce « ma » est le tout du non-possessif, mon ampleur affective certes, mais non défaite de ce qui en fait différence.)
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9 juin 2016 at 19 h 14 min
Un banal merci, cher Niala, mais le coeur y est.
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9 juin 2016 at 15 h 12 min
En regardant ta première série de photos, le premier mot qui m’est venu est vertigineux.
Je n’ai jamais rien vu de pareil.
Et puis cette fresque… superbe… de quoi faire la puce, je te comprends…
Quant à la cathédrale, première fois que j’en vois une qui me donne envie d’aller quelque part juste pour voir une cathédrale…
Et puis enfin la performance (j’en arrive à l’instant, encore essoufflée) : touchante, dérangeante, inoubliable je le sais déjà (j’avoue avoir eu la tête lourde par moments et du mal à respirer – et puis la sensation de m’effondrer moi aussi). Bref, une performance que j’aurais totalement aimé voir LIVE, quoique j’aurais eu bien du mal à retenir mon envie d’aller mettre mes mains dedans, et mon corps aussi…
Bref, l’art de cet homme, cet art vivant et brut très proche de la matière, me touche fort.
Et puis dans tout ce que tu nous montres, si je pouvais choisir quelques œuvres à apporter chez moi, ce serait les suivantes : la bibliothèque longue, l’atelier aux sculptures, Taurela II…
Enfin, le mot qui me vient juste là est fabuleux. Merci ‘vy.
Et pour ta passion encore. De puce amoureuse d’art.
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9 juin 2016 at 19 h 23 min
Dans la performance en Afrique, en pleine air (je ne sais pas où exactement), les gens applaudissent au début, puis les regards changent, les sourires deviennent interrogatifs, les applaudissements cessent, mais les regards sont concentrés. Tout de même, tout ce poids sur la tête, qui semble écraser l’homme, l’enterrer debout, de boue ?, ces golem en devenir… Et à la fin, quand les deux hommes disparaissent les applaudissements reviennent, et les sourires, et les artistes aussi reviennent, libres d’eux-mêmes, et là, Barcelo, épuisé, sort un petit appareil photo et prend le public en photo, heureux qu’il a l’air, un beau partage.
La bibliothèque lorsque je l’ai vu avec toute cette matière peinte, j’ai pensé à Kiefer. Moi, peut-être que je choisirais quelques céramiques-têtes de la BNF, et l’atelier de sculptures, évidemment, et peut-être, mais chut, hein, tu le dis à personne, les pornografica (d’ailleurs, j’ai acheté le livre, un tout petit livre).
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9 juin 2016 at 15 h 13 min
Absolument saisissant : j’ai l’impression d’assister en direct aux retours aux origines. Quand il y avait la terre et des créatures. C’est assez fort. La fresque nous renvoie à la grotte. Le paso doble à la danse des premiers hommes, la cathédrale à une crypte. L’homme civilisé n’a pas sa place ici, c’est ce que je ressens. Les céramiques sont fabuleuses. Les carnets doivent l’être tout autant. Bref, ça me bouleverse et je le trouve, lui aussi, assez proche de l’art brut. C’est une magnifique découverte. Merci ‘vy.
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9 juin 2016 at 19 h 28 min
Il y a un film où il fait des dessins dans une grotte, comme le faisait nos lointains ancêtres. Je n’ai pas retrouvé ce film sur le net qui était pourtant bien intéressant, on le voit en prise avec ses bois à xylophagies et quelques scorpions. Merci, Anne.
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9 juin 2016 at 15 h 34 min
Alors lui, j’ai depuis longtemps envie de creuser son travail! Merci pour cette mise en bouche succulente!
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9 juin 2016 at 19 h 28 min
Voilà qui me ravie.
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9 juin 2016 at 16 h 22 min
je dois dire que le livre des aveugles m’a fait très envie…sourire…merci pour la balade…
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9 juin 2016 at 19 h 29 min
Merci d’être passée, Irène.
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9 juin 2016 at 17 h 04 min
C’est vraiment un grand artiste, tout est remarquable, sensible et intelligent chez lui. Tout respire la vitalité et la sensualité, la puissance de la créativité, l’élan de la générosité. Ton article le retranscrit parfaitement, merci. Je ne manquerai pas d’aller à la BNF.
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9 juin 2016 at 19 h 41 min
Ne la laisse pas passer, ne serait-ce que la grande fresque… et puis les films, on apprend beaucoup aussi dedans, on le voit au travail en Afrique, c’est vraiment intéressant pour comprendre un artiste de le voir dans son quotidien de création.
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9 juin 2016 at 18 h 04 min
Ouaou…
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9 juin 2016 at 19 h 45 min
Ouaou… oui :-)
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9 juin 2016 at 19 h 53 min
;-)
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11 juin 2016 at 18 h 29 min
Je n’ai pas tellement accroché aux oeuvres photographiées, ça manque de couleurs à mon goût. Justement, pour cette raison, j’ai bien aimé les monstres colorés … et je trouve la fresque des poissons (dans la cathédrale) absolument superbe.
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11 juin 2016 at 22 h 47 min
La couleur n’est pas toujours ce qui fait l’intérêt d’une oeuvre. Et puis, des photos restent des photos qui jamais ne sauront rendre la réalité de l’oeuvre. Mais enfin, chacun ses goûts et heureusement.
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12 juin 2016 at 13 h 07 min
Oui, c’est vrai qu’il y a des oeuvres que j’aime et qui sont sans couleur – certaines sculptures de Rodin par exemple – mais c’est rare …
Vous avez raison, chacun ses goûts …
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12 juin 2016 at 12 h 39 min
Pour moi qui aime tant le travail de Barcelo, quelle chance de lire l’émotion de cette puce avisée. Je reviendrai dès que possible regarder les vidéos.
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12 juin 2016 at 12 h 53 min
Votre visite enthousiaste est toujours un plaisir, Anne.
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