J’ai visité cette exposition le week-end dernier. J’avais préparé un article mais je me demandais s’il était utile de le poster. Images à charge est loin de l’exposition plaisir et je dirais qu’elle est plutôt âpre. Mais comme elle me poursuit un peu chaque jour, je vous en dis quelques mots.

Le Bal est un lieu dédié à la représentation du réel par l’image (18ème arrondissement, pas loin de la Place Clichy)

Images à charge, la construction de la preuve par l’image. Tout est dans le titre. L’exposition part des premières images photographiques au service de la police criminelle jusqu’aux images des guerres d’aujourd’hui.

D’habitude le Bal présente des oeuvres d’artistes, cette fois il s’agit de montrer l’image au service des chercheurs, des historiens, des criminologues. La salle du haut commence fort en présentant des images de victimes de crimes datant du début du XXème siècle, toutes dans le même format, vues de haut qui embrasse toute la scène, un peu comme si le cadavre et ce qu’il y a autour était mis en boite. Sans jeu de mots, on dirait des natures mortes. Et puis, des photographies de traces de sang ou de pas, d’empreintes, d’objets contondants, etc.

« La photographie ne dit pas nécessairement la vérité, mais elle peut être une représentation véridique. […] Las photographies comme la plupart des preuves ne sont que des signes »

Dans la grande salle du sous-sol, c’est un peu différent, puisqu’il y est souvent question de crimes de masse. Images d’avant et après un bombardement. Images d’enquête sur la destruction de Koreme, au Kurdistan irakien, l’image servant aux revendications de Bedouins sur leurs terres dans le désert du Néguev, etc…Et un film montrant les images toujours difficilement supportables de la libération des camps, les photographes formés, le film présenté aux nazis au procès de Nuremberg, dans le but de photographier et d’examiner leurs réactions face aux images de leurs crimes.

Mais c’est devant les portraits d’hommes de tous âges, de femmes parfois, photographiés avant d’être exécutés, condamnés pour crime d’état lors de la grande terreur en URSS en 1937 et 1938, que je suis restée le plus longtemps, j’ai même eu du mal à m’en extraire. En 15 mois près de 750 000 citoyens soviétiques vont être condamnés et fusillés. Je regardais les photos grand format souvent très belles de ces visages, regards fixant l’objectif, elles défilaient en un rythme lent faisant naître diverses émotions.

« Voir, c’est croire. La capacité d’attestation de l’image, qui prévaut dans la perception commune, est d’autant plus avérée dans le champ légal. La photographie révèle, enregistre, valide, certifie. Et l’usage courant de photographies dans les tribunaux, qui suite de peu l’invention du médium, le démontre : le pouvoir de vérité de l’image est un instrument de conviction essentiel au service de la justice. En réalité, ce pouvoir de vérité a toujours été ardemment débattu, parfois légitimement contesté et souvent contredit. » Diane Dufour, commissaire de l’exposition.

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