Les yeux fermés, il aurait mieux valu que je garde les yeux fermés. Il aurait carrément mieux valu que j’évite la méditation ce jour-là. J’essayais de me concentrer dans cette méditation à deux, chakra du coeur, ouverture, silence densité d’en l’autre percevoir donner… mais à part une douleur dans le bras qui fatigue d’être levé, et dans les côtes où l’autre, justement, appuie trop fort, je sentais mon temporel en dispersion, l’instant présent s’abandonnant oisivement à l’instant futur (restaurant, musées), et je croyais me soulager lorsque l’exercice me parut arriver à son terme. Mais nous n’en étions qu’à la moitié car deux mains nous avons, « aujourd’hui, puisque c’est le dernier jour avant les vacances, ça va être du plaisir » avait dit le prof. J’ai le plaisir en goguette, et j’avais beau y mettre une certaine volonté, que nenni, passons sur la fatigue, passons sur la douleur mais si tu pouvais juste appuyer un peu moins fort… Lorsqu’enfin l’exercice prit fin, et qu’il nous fallut ouvrir les yeux et plonger son regard dans celui qui nous faisait face, juste l’infime instant qui précéda l’ouverture des paupières, je l’ai senti monter, irrésistiblement, j’ai évoqué l’idée de le maitriser, de me cramponner à mon air le plus sérieux derrière le voile détendu de mon visage, il montait tel un magma dans la cheminée du volcan, et aucun froncement des sourcils, aucune crispation des mâchoires ne pouvaient plus colmater la ferveur du puissant jaillissement… toute peine perdue, dès que nos yeux se sont croisés les vannes ont lâché et je suis partie dans un fou rire irrépressible. Pire, je sentais l’éclat de rire monter, de l’art et la manière de crever l’écran méditatif qui s’était déposé dans notre maitrise du calme. Du cercle rompu je suis l’initiatrice. Le souffle m’abandonnait, je pouffais, je couinais, je n’arrivais pas le moins du monde à enrayer ces bruits de retenues inefficaces. Et mon binôme en face qui me souriait tant et plus mais sans toutefois succomber au mal qui me secouait, de me voir en ses yeux amusés m’excitait de plus belle les zygomatiques. J’étais dans l’épreuve de la solitude du rieur abscons. Et le calme des autres, cette plénitude que je perturbais me donnaient toujours plus envie de rire. Je me faisais martyr dans l’éternité d’une dilatation de la rate jusqu’à ce que le prof nous libère… et que mon rire ne trouve plus de quoi s’alimenter. Je m’excusais auprès de A., « non, t’étais marrante, ça arrive » et de me rassurer en me prenant dans ses bras, et le prof qui nous dit « mais oui, faites vous des câlins, c’est bien, ça ». Ah, c’est bien la méditation, on nous apprend : si vous entendez un bruit, ne vous y accrochez pas, laissez-le passer. Peut-être que personne…
Toutefois je crains que ça recommence une fois prochaine, je pourrais alors refuser catégoriquement d’ouvrir les yeux… ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre… garder les sens a l’intérieur comme gardien du serial rieur… Non mais sérieusement, est-ce que l’un d’entre vous connait un truc pour enrayer ce fou rire qui submerge toute volonté.
20 février 2016 at 10 h 26 min
Malheureusement non… HAHAHA !!!!!!!!!!!
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20 février 2016 at 11 h 41 min
Que le fou rire soit avec toi !
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20 février 2016 at 11 h 16 min
Surtout ne pas essayer d’enrayer. Plus tu essayes et moins ça s’arrête. Et quoi de meilleur que de rire, à part jouir, et ces deux là sont du même monde. Ton billet, d’ailleurs, est bien drôle. On ressent ton envie de pouffer qui monte, qui monte…
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20 février 2016 at 11 h 50 min
Et je pratique autant que possible… Tant mieux si mon billet est drôle, c’est ce que je souhaitais.
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27 février 2016 at 19 h 03 min
il l’est lol merci:)
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27 février 2016 at 19 h 11 min
Tant mieux, merci… et bienvenue dans le bocal.
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28 février 2016 at 17 h 22 min
rires pas de problèmes alors je sais bien nager mais,je tournerai en rond:):)
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28 février 2016 at 17 h 24 min
le bocal n’a que les parois imaginaires que chacun lui donne, on peut y nager droit aussi, ou même et surtout, s’y envoler.
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20 février 2016 at 11 h 55 min
Est-ce que le fou rire est un vrai rire d’ailleurs ? J’entends par là autre chose qu’un exutoire, une déflagration corporel incontrôlable qui s’alimente lui-même, parfois jusqu’à en être douloureux ? Ça m’est arrivé à un enterrement, d’un simple regard avec mon cousin.
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20 février 2016 at 12 h 13 min
Le fou rire n’est pas salvateur, il empoisonne plutôt. J’y suis malheureusement sujette, depuis toujours… C’est drôle (enfin, drôle…), le premier fou rire dont je me rappelle, c’était à l’enterrement de ma grand-mère, une réflexion de mon cousin qui devait souffrir autant que moi mais faisait le fanfaron… j’avais neuf ans, je ne pouvais plus m’arrêter de rire. On ne peut pas considérer ça comme un rire sain. Je ne sais même pas si la douleur peut faire passer le fou rire, alors que le rire peut estomper la douleur (pourquoi je pense aux Nuls en écrivant ça ?)
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20 février 2016 at 13 h 25 min
Le fou rire ne porte pas son nom par hasard. On dit aussi un rire hystérique. J’y suis moi aussi très sujette ;)) Le reste ne me regarde pas…
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20 février 2016 at 13 h 32 min
Le reste ?
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20 février 2016 at 19 h 08 min
C’était pour rire… Tu sais: cela ne nous regarde pas… en plus j’ai tout faux, ce sont les inconnus pas les nuls il me semble… oh, le bide! On oublie…
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20 février 2016 at 19 h 12 min
Ah ben non, je ne perds jamais une occasion de rire.
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20 février 2016 at 14 h 01 min
la préférée de mes zygomatiques… « l’instant présent s’abandonnant oisivement à l’instant futur »…
…et puis moi, fou rire ou pas, j’entends et sens battre un coeur de femme, qui laisse courir son cheval, berce la folie de l’enfant, nourrit le désir de la femme… et j’aime. Ça sent la vie tout ça.
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20 février 2016 at 14 h 14 min
Sûr que m’étonnerait que je devienne un fantôme rieur, par contre farceur, je dis pas non… Ma Charlotte a-t-elle bien dormi ? Elle remarquera que je m’empresse de répondre. Si tu savais mon cheval… sur les falaises… je vais me le faire en Anglaise romantique, cheveux aux vents, fuyant l’ennui des petites heures ruminantes… crinière au seuil des folies ordinaires dont je ferai mes extras… boom boom mon coeur, comme le tien, en désir, nous en connaissons un rayon, l’histoire ne fait que commencer, puisqu’hier n’existe plus et que le présent s’offre à tous délires délices désirs… Pomme t’embrasse en semant ses pépins sur les chemins de demain. Le cheval se cabre, que la falaise est haute et la mer toujours fera de nous son enfant.
J’aime te lire, Caroline, en Charlotte ou en toi, ou en tout autre, tu vois de belles choses en moi, mon beau miroir.
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20 février 2016 at 14 h 27 min
aie aie, non mais j’ai même pas pris mon café encore… et Charlotte non plus… pas certaine que mon cheval puisse courir aussi goulument et savamment que le tien ce matin… goulu goulu, guili guili… et Charlotte dort encore… et la neige qui a blanchi les voitures et mouillé ma vitre… ça m’a l’air d’un venteux humide transperçant dehors… bon, mon café…. j’ai les pieds gelés en plus… p’tit déjeuner… bleuets banane pamplemousse en suprême… dans yogourt avec coulis de sirop d’érable… toupti le coulis…
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20 février 2016 at 14 h 34 min
Nourris-toi bien, n’attrape pas froid, prend soin de Charlotte, et si tu marches pense à moi, surtout si tu rencontres un p’tit mignon des neiges comme l’autre jour. Craquant !!!!
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20 février 2016 at 16 h 23 min
Vous avez de la chance que la méditation vous fasse éclater de rire ! Moi, à l’époque où je faisais du yoga (avec séances de méditation) ça me donnait des crises d’angoisse terribles, j’étais obligée de m’enfuir en courant :-)
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20 février 2016 at 16 h 45 min
J’ai la chance d’avoir un très bon prof, ses cours sont un bonheur. Maintenant, je dois bien dire que cette histoire de fou rire m’angoisse un peu.
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20 février 2016 at 21 h 43 min
Pourtant ça fait du bien de rire ! Il parait même que c’est pour la santé et que ça fait vivre plus longtemps, ne vous en privez pas :-)
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22 février 2016 at 14 h 30 min
Un fou rire qui résonne joyeusement jusqu’ici!
(Je ne connais aucun moyen d’y échapper.)
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22 février 2016 at 16 h 11 min
Tant pis, ma chère Henriette, je suis contente de vous lire.
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25 février 2016 at 22 h 44 min
oh mais voilà que j’étais passée à côté de ce fou-rire-là! et non, pas d’antidote au rire fou et je ne voudrais pas en trouver un tant j’aime cette vague que rien n’endigue et qui me laisse exténuée mais HEUREUSE! ;-)
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27 février 2016 at 18 h 23 min
Euh, oui, mais si j’en ai encore un comme ça en méditation, je crois que je prends la porte (de mon plein gré) :-)
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