0615_381rpf« Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui

Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre. » Stéphane Mallarmé

22 juin 2015, 21h13, j’entre dans le Palais de Tokyo, jour de vernissage des nouvelles expositions. Univers fantasmagoriques, oniriques, poétiques, cette saison au Palais de Tokyo est d’emblée très séduisante. Cinq grandes monographies surprenantes nous entrainent à travers l’immense dédale du bâtiment.

Le Palais de Tokyo m’a habituée à des installations envoutantes et maintes fois je m’y suis perdue avec enthousiasme. Mais là, ils ont fait fort, acquaalta, de Céleste Boursier-Mougenot inonde une grande partie du niveau d’accueil du bâtiment. Nous voilà transportés du côté de Venise… à moins que, toutes ces barques, ces gens à bord que les lumières font surgir avant qu’ils soient de nouveau absorbés par l’obscurité, ça me fait plutôt penser à un tableau dantesque. Je cherche Virgile, je suis certaine qu’il se cache quelque part. Un peu partout peut-être… On se déplace sous un son lancinant, en barque ou à pied le long d’un chemin qui suit le bord de l’eau.

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(Céleste Boursier-Mougenot représente la France à la 56ème Biennale d’art contemporain de Venise)

Un petit mot de l’exposition de Patrick Neu qui se trouve au même niveau. Après le gigantisme que l’on vient de quitter, nous entrons dans un monde plus intime, délicat. Prenez le temps de regarder la finesse des dessins au noir de fumée sur verre qui se révèlent quand on s’approche. L’artiste suggère un dialogue avec les matériaux (ailes d’abeilles, mues de serpent, coquilles d’oeuf…) et la mémoire du monde.

« Peindre avec l’histoire dans une pièce pleine de monde avec des noms amusants 3 » au sous-sol, l’exposition de Korakrit Arunanondchai, qui relate l’apprentissage du peintre, nous accueille dans une atmosphère vaporeuse. Des mannequins se mêlent aux visiteurs (ou bien le contraire, je ne sais plus au juste), il est parfois difficile de savoir qui est qui. L’exposition « célèbre la connectivité numérique, la fusion entre l’art et la vie, l’imagination et la réalité, la science et l’incorporalité. » Je suis sous le charme, même si à y réfléchir à deux fois, j’hésite à qualifier ce que je vois de rêve ou de cauchemar. Oh tant pis, j’aime beaucoup.

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(clic sur les images pour les agrandir)

Pas loin, il y a l’espace dédié à l’imagerie grotesque et kitsch de Tianzhuo Chen, et, dans les tréfonds du bâtiment le travail filmique de Jesper Just, exposition de films sur écrans géants, dans laquelle on pénètre en suivant un parcours dont, encore une fois, on ne maitrise pas grand chose puisqu’il se fait dans une obscurité à peine soluble dans les quelques spots lumineux dispersés ici ou là. Abandonnons-nous et entrons dans l’oeuvre d’art.

Et bien voilà, je suis ravie de cette nouvelle saison au Palais de Tokyo. A visiter et revisiter jusqu’au 13 septembre 2015. A voir surtout la nuit tombée, je pense. Bien que ma curiosité me donne envie de voir tout ça de jour…